Mardi 29 avril 2 29 /04 /Avr 18:48

 

                                          4.3 LE BAIN                    

Chloé me rappelle :

 

-Tu prends ton bain habillée, Bella ?

 

Bien sur que non. Mais je rêve encore un peu. Je ne sais pas trop bien où ce bain va me mener. Je commence à me déshabiller à quelques mètres d’elle et il me semble que je sois loin, loin derrière. Une symbolique distance nous sépare et c’est à moi maintenant de faire le voyage toute seule. Chloé m’a montré le chemin. Le monde alentour n’existe plus, s’arrête d’exister. Il devient un mouvement perpétuel que la mer efface. Je me sens libre. Je ne voit que Chloé : ses épaules, ses mains et sa magnifique chevelure si long, si brun, seule partie de son anatomie qui ne soit pas encore mouillée par le bain. Je n’ai que ma culotte à enlever, et tout me gêne en moi, ma nudité me gêne. Chloé est si belle, si désirable.

 

Son pubis épilé m’a impressionnée, intriguée. Je monte les marches de la baignoire et me glisse dans l’eau. Et une fois de plus j’ai recours à des mots simples pour satisfaire ma curiosité.

 

-J’ai vu que tu es entièrement épilée Chloé. Je trouve ça super joli. J’aimerais en faire autant, mais j’hésite encore. Je n’arrive pas à me décider.

 

J’essaye de me tenir dans l’eau aussi élégamment que Chloé.

 

-Je suppose que ce ne soit pas la peur de la cire ?

 

-Tu me connais bien.

 

-Question métaphysique ?

 

-Oui, comme d’habitude. Parle-moi un peu de ton approche, Chloé.

 

-Ma chère Bella, je suis épilée parce que les poils m’ont empoissonné la vie. Tout simplement. Je ne savais pas quoi faire avec. Leur texture est sèche et dru, leur touché est désagréable et aucun baume ne les rend soyeux et appétissants. J’ai tout essayé, les défroisser et les teintures. Rien à faire, malgré les efforts de mon esthéticienne. Je ne te parle pas des coupes, en cœur, en carré, en losange et j’en passe. Incoiffables, un vrai cauchemar, toujours des poils à travers. Tu ne peux même pas les maîtriser avec des gels coiffants. En plus, l’entretien de la forme est pénible. Tu passes tes journées dans les pots de cire ou avec la pince à épiler.

Je la regarde admirativement avec des grands yeux.

 

-Tu es trop cool, Chloé.

 

-Et toi, t’es trop crédule Bella. Mon discours te semble parfaitement plausible, car tu te bases sur l’idée que tu fais de moi. Tu imagines que j’ai grandi sans les moindres inhibitions. Je ne pense pas que cela soit possible. Chaque fille passe par les mêmes étapes. L’adolescence est difficile pour tout le monde. Devenir une femme est un procédé long et douloureux, peu importe comment t’étais élevée. On peut t’expliquer facilement la sexualité entre adultes, mais mettre des mots sur ce que tu ressens pendant que ton corps se transforme relève d’un défi de taille. Rare sont les parents capables de trouver des termes qui conviennent. Tu devrais y réfléchir puisque les mots sont ton domaine de prédilection.

 

-Tu ne sais pas à quel point tu me rassures Chloé. Je m’y croyais un cas désespéré.

 

-Ne sois pas trop dure avec toi. T’es un peu plus lente que d’autres. Peut-être parce que tu manques d’expérience dans la vie pratique. Cela te donne ton charme particulier. T’aimes réfléchir avant de t’engager dans une voie et surtout comprendre le pourquoi de chaque pas.

 

-Tu me cernes à la merveille Chloé ! Continue.

 

-Tu m’as dit que t’étais un fan de l’œuvre de mon mari. T’as déjà vu un seul poil pubien sur ses tableaux ?

 

-Je n’ai pas fais le rapport. Je croyais que cela concernait la liberté artistique.

 

-Admettons. Je suis née en soixante trois. Inutile de le cacher, tu peux le lire dans n’importe quelle biographie de M. Je déteste cette indiscrétion des journalistes, mais il faut que je fasse avec. C’est le revers d’un personnage public.

Quand j’ai posé pour la première fois, en soixante dix-neuf, t’étais encore un bébé. À cette époque les critères esthétiques et moraux étaient bien différents d’aujourd’hui. L’épilation du maillot, et je te parle pas de l’intégral, faisait pas partie des mœurs.

Les artistes, et les peintres font pas l’exception, se veulent toujours en marge de la société ou au moins en avant-garde. La plupart entre eux   -M. en faisait partie   - ne juraient en ce temps que par l’épilation intégrale pour les modèles sur leurs tableaux. Ceci dit, si tu voulais poser il fallait s’adapter. Ne crois pas que j’étais au courrant. J’avais que seize ans. Je suis une vraie brune et ma toison était plutôt bien fournie. J’étais très fière de ma jungle.

Mon premier tableau auquel j’ai participé fut le « Repos des Muses ».

 

-Je l’adore celui-là. Tu donnes bien en Terpsichore, muse de la danse et du chant.

 

-Heureusement tu m’as jamais entendu chanter, je suis une vraie catastrophe.Ce tableau alors, se veut un hommage à Ingres : Le songe d’Ossian, ce qui n’est pas difficile à déceler pour un amateur de peinture. Tu saisis ?

 

-Effectivement. J’ai vu ce tableau à Montauban au musée d’Ingres. Il n’y a que des femmes sans poils chez Ingres et on perçoit sans mal les grandes lèvres, comme sur le « Repos des Muses ».

 

-J’étais convoquée – avec les huit autres filles   - un beau jour du mois d’août chez M., dans son atelier à Toulouse pour une première réunion de travail. À part deux filles, aucune de nous n’avais jamais posé pour lui. Il n’aimait pas les modèles connus et préférait traîner en ville en abordant des inconnues.

J’ai jamais été pudique, mais ce jour-là avait quelque chose d’un défi pour moi. D’abord parce que j’étais de loin la plus jeune. Je suis d’ailleurs le seul et unique modèle si jeune de toute la carrière de M. Il n’a jamais caché son attirance pour les femmes à partir de la mi-vingtaine.

Au vestiaire tout le monde se mettait à nu, pas évident pour certaines. T’imagines pas notre amusement de découvrir les deux anciennes entièrement épilées.

Ne vous réjouissez pas trop, a dit l’une, vous passerez toutes à la cire cet après-midi pour la séance de demain.

Ça jeté un froid. Cependant personne n’osait protester, top content de poser pour une légende vivante.

 

M. nous faisait parader pour distribuer les rôles. Il nous demandait de prendre des poses et traçait quelques esquisses. Cela durait plus de deux heures. Notre nudité ne le dérangeait nullement. Je dirais même qu’elle le laissait complètement indifférent. Ce contact avec le monde artistique m’a marquée à jamais. Un homme seul, au milieu de neuf femmes nues, qui ne perd pas le nord et qui reste concentré sur son travail. Dans ces conditions là, la nudité devient un outil de travail et se détache de tout contexte malsain que pourrait évoquer une situation pareille dans d’autres circonstances. Tout le monde se détendait et la séance fut une réussite, selon M.

 

À la fin il nous disait :

 

- Mademoiselles je vous attend pour demain à la même heure, souriantes, expressives et intégralement épilées à la cire. Je ne veux pas être dérangé par la moindre racine. Cela est le prix que vous acquitteriez pour la postériorité. Chaqu’une de vous aura un rendez-vous cet après-midi avec mon esthéticienne. Soyez ponctuelles.

 

Quand je suis rentrée à la maison, j’ai demandé conseil à ma mère qui m’écoutait avec sérieux, mais visiblement amusée.

 

-Chloé, m’a-t-elle dit enfin : Tu ne voulais pas te contenter de ta future carrière de danseuse, tu as insisté pour devenir aussi modèle de peintre à tout prix. Maintenant assume les conséquences. Chaque profession comporte des exigences.

Cet après-midi tu iras chez l’esthéticienne et tu t’appliqueras sagement.

 

-Tu as une mère fantastique Chloé qui te soutient dans tes projets. Tu dois être fière d’elle.

 

-Ne t’emballe pas trop Bella. Ma mère, une femme extrêmement ambitieuse, m’a élevée toute seule. Elle a placé en moi tous ses espoirs. D’accord, j’ai eu avec elle la liberté du choix. Toutefois une décision prise, elle veillait sur le suivi. Elle m’imposait une discipline de fer et gare à moi si je faisais des caprices. Pour elle, mai soixante-huit ne signifiait rien. J’ai reçu une éducation très sévère qui m’a fait comprendre l’utilité de la persévérance dans la vie.

À trois heures pile j’ai pointé chez l’esthéticienne. Elle me fit déshabiller entièrement.

Je suis tombée sur une vraie sadique cérébrale, au moins je le croyais. Je ne comprenais pas qu’elle ne se moquait pas de moi. Avec le recul, je pense qu’elle ne manquait même pas du tact, vu mon âge. Pour elle l’épilation intégrale faisait partie de son travail. Convaincue de l’utilité esthétique, elle crut me rendre service. Elle avait trop d’avance sur son temps.

Côté pratique, tout allait bien ; elle était plutôt douée. Par contre niveau réflexions, j’ai dégusté.

 -Suivez-moi Mademoiselle. Je vais vous rendre présentable. Dans une heure cette broussaille ne sera plus qu’un mauvais souvenir. Vous allez vous sentir bien mieux.

Compte tenu de la longueur de mes poils elle me passait d’abord la tondeuse pour les raccourcir. Lui montrer mon sexe ne me gênait pas particulièrement, par contre quand j’ai dû lui présenter mon anus, j’éprouvais la honte ma vie. Je ne m’y attendais pas que ce serait vraiment de l’intégral à ce point.

J’ai survécu. À la fin elle m’a montré à l’aide d’une glace mes recoins le plus intimes que je puisse admirer son travail. Elle m’a demandé si j’étais contente de sa prestation et elle me conseillait de passer une crème apaisante le soir. En fait, elle opérait de la même manière que de nos jours.

-Maintenant vous êtes belle comme un ange Mademoiselle et ceci pour trois semaines environ avant que ça repousse. Revenez quand vous dépassez un centimètre.

Entre moi et ma mère, la nudité n’était pas un tabou. Je lui ai donc montré le résultat.

-C’est inhabituel, mais c’est vraiment jolie Chloé.

Avec tant de compliments, de la part de ma mère et de l’esthéticienne je me consolais de la perte de mes poils. Je me suis longuement admirée dans la glace et en me passant la crème j’ai découvert le frisson d’une voluptueuse sensation sexuelle.

Ce qui m’a réconfortée les plus, c’étaient les séances de pose. Entourée que de femmes épilées, j’ai pris l’habitude de mes nouvelles apparences et j’ai appris à les apprécier. Un seul nuage me gâchait un ciel au beau fixe : Quand je me douchait après l’entraînement de danse avec mes copines, elles essayaient de me transformer en cible de leurs moqueries. Cela ne prenait pas trop avec moi. En posant pour M., j’avais pris pied dans le monde des adultes et cela me donnait confiance en moi

Quand mes poils ont commencé à repousser, je me trouvais devant un choix : Redevenir comme mes copines ou continuer l’épilation. Surtout je ne voulais pas renoncer à mes sensations masturbatoires, devenues infiniment plus intenses. La décision fut facile, car M. me proposait « La fille aux cheveux noirs », suivie d’une série tournant autour du même sujet, quinze tableaux en tout dont un inédit que je cache au monde en attendant qu’une bonne occasion se présente. Je ne suis pas superstitieuse, mais je me suis jurée en guise de porte bonheur de rester épilée et j’ai tenu ma promesse. Ma carrière de modèle prenait une ampleur inespérée. À seize ans je gagnais très bien ma vie et j’ai pu me permettre mille fantaisies. Ma mère était fière de sa fille et me considérait désormais comme une adulte. En plus en danse j’avais des réelles capacités. Je dépassais de plus en plus les autres filles et on me promettait une grande carrière.

 

-Je n’en doute pas un instant Chloé. Tu es passée si souvent à la télé. J’ai vu tes prestations en rediffusion. Tu étais merveilleuse, la danseuse la plus douée de ta génération. Indépendante à seize ans. Cela me laisse songeur. Quand j’avais seize ans, tu étais mon idole.

 

-Tu es très gentille avec moi, Bella. Tes compliments me touchent profondément.

 

-J’ai beaucoup aimé ton histoire. Je trouve que tu es une femme décidée. Il faut beaucoup de persévérance pour mener deux carrières parallèlement.

Mais ce qui m’a émue le plus sont tes confidences sur tes sentiments intimes, les aperçues de ton âme que tu me fais partager. Je suis partie sur une question toute bête, comme il me semble maintenant et toi tu l’intègres dans un vécu passionnant.

 

-Ta question étais pas bête Bella. Elle te préoccupait visiblement.

 

-Un petit détail technique m’intrigue encore. Moi aussi, je m’arrange le maillot à la cire. Classique bien sur. Je trouve que l’on voit par ci ou par la une racine. Chez toi, on ne voit rien. On dirait que tu n’as jamais eu de poils. Quel est ton secret ?

 

-C’est du définitif par laser. Ca ne repoussera plus jamais. Comment tu trouves ?

 

-Frappant. Troublant. Exquis.

Tu sais que je suis une vraie torturée. Il y a encore un truc qui me chagrine. 

La nature donne à toutes les femmes des poils au pubis, c’est ce qui nous distingue des petites filles. Veux-tu rester éternellement une petite fille ?

 

-Toi alors, tu m’en sors des bonnes. Je suis pas épilée pour retrouver la petite Chloé. Je t’épargnes aussi des discours à la noix, style hygiène ou culture. Je suis une femme et je me sens femme. Il ne me faut pas des preuves supplémentaires, ni l’approbation des autres pour être bien dans ma peau.

Bien sur les petits enfants connaissent ni le gêne ni la honte. Sur ce point de vue je leur ressemble. 

Tes notions par contre, sont des notions d’adulte, mal dans sa peau. Pour rien au monde j’aimerais être à ta place. Je serai tentée de résumer ta sagesse dans une phrase : les enfants sont heureux parce que sans les poils ils ne risquent pas de croquer la pomme.

Alors rasons nous et soyons heureux. Comme tu constates, avec moi, ça marche. Qu’attends-tu pour faire autant ?

Hélas, en réalité c’est pas aussi facile. Déjà les enfants, on arrête pas de les embêter. La culture est un fardeau lourd à porter et chacun essaye de trouver de l’aide pour se soulager dans sa tache. On crée donc des petits porteurs supplémentaires. On se borne de leur répéter ce qui est interdit, ce qu’il ne faut pas faire est ce qui est gênant, en bref, nos valeurs du bien et du mal. C’est ainsi qu’ils perdent le paradis de l’enfance. Moi je suis adulte. Je connais le refrain.

Toi tu es gêne pour moi parce que tu essayes de te mettre à ma place. Rien que l’idée te fait honte, l idée d’être nue et comble de malheur, de ne pas avoir un seul poil sur le corps et ressembler à une petite fille en face de sa maman qui va lui donner son bain.

Mais une fois la première peur passée, il y a un sentiment qui se réveille en toi, sans que tu puisses le définir. Il est étrange, tu es troublée, émue. N’y pense plus, sinon tu risque de te perdre. L’excitation est une sensation difficile à cacher et il faut de l’expérience pour la maîtriser. Reviens à toi : imagine de prendre un bain entre filles, bonnes copines, qui ont fait un long voyage, qui ont eu chaud, qui ont transpiré et qui ne veulent pas sentir mauvais. Tu me suis !

 

Je me blotti contre Chloé. Quand je sortirais de ce bain je ne serai plus la même. Je le sais bien et je suis consentante. Chloé met le système d’hydro massage en route. Elle ajoute du bain moussant à la lavande. Mon corps se détend, je me sens vivante. Mon corps vibre et je ne repousse pas la main de Chloé qui commencer à me laver avec une douce éponge naturelle. Elle ne pose pas encore sa main sur moi. C’est l’éponge qui garde la distance entre nous. Chloé est un être merveilleux, pleine de tact et compréhension. C’est moi qui lui tends le coup, les bras, les seins, le dos, puis mes parties intimes.

 

C’est moi la petite fille, malgré mes poils. Je suis une petite fille sale, qui a sué et qui sent mauvaise. Ce n’est pas ma maman qui me donne le bain, c’est Chloé, ma copine, mon amie. Celles qui enlève les barrières et les obstacles sur mon chemin.

 

Sa main glisse sur mon entrejambe, mais ce n’est pas sa main que je sens, c’est l’éponge. Mes yeux sont fermés. Suis-je en train de rêver ? Mes jambes s’écartent toutes seules, naturellement. Je n’ai pas envie de briser la magie. Des sensations inconnues me traversent, me bouleversent. Le plaisir est omniprésent. Mes mains trouvent Chloé. La mousse a rendu l’eau glissante. Douceur au bout de mes doits, plaisir de la glisse. Le Paradis retrouvé. Je garde mes yeux fermés. J’ai peur de me réveiller, j’aimerais que ce rêve continue. Je sens l’éponge sur mon sexe. Je suis sépare de Chloé par mes poils et une éponge. Je ne suis pas comme Chloé qui se donne toujours à fond, qui ne cache rien. Mes doigts se réveillent et explorent une sensation oublie depuis mon enfance : un sexe doux et lisse, plaisant à toucher, un comble de volupté qui m’emporte dans un univers parallèle.


Suite chapitre5

 

Par isabelle183 - Publié dans : La fille aux cheveux noirs
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Mardi 29 avril 2 29 /04 /Avr 18:45

                                 PROMENADE À TOULOUSE

 

Le samedi après-midi le centre-ville de Toulouse déborde de monde, surtout quand il fait beau. La ville rose se transforme en fournaise surpeuplée. La chaleur est à peine supportable. L’air est stagnant. Venant de ma montagne j’ai du mal à respirer. Je ne supporte pas ce climat. En descendant la rue Saint Rome, je débouche sur la place Occitanie où se situ le capitole, fierté et insigne de la ville. Les arcades me rappellent le temps où j’étais étudiante, des innombrables pots pris en compagnie d’autres étudiantes et étudiants. Des interminables discussions me reviennent en mémoire, sur la fac, les profs, la politique, la société et aussi la littérature, ce lien qui nous unissait. Je trouve que depuis la clientèle n’a pas foncièrement changée. Les visages ne sont plus les mêmes, mais les sujets de conversation se sont transmis à la nouvelle génération. Cinq ans déjà que je suis retournée au village. Un mariage, un divorce et une carrière professionnelle m’ont fait oublier le temps. Aujourd’hui, j’ai la nostalgie et je savoure ce pas en arrière. J’aime cet endroit pour la beauté de son architecture, pour sa convivialité, pour sa douceur de vivre. En voyant la croix d’Occitanie je pense aux Cathares, à leur hérésie manichéenne, à la seule croisade sur terre chrétienne, au massacre de Muret. L’histoire de la région m’a toujours passionnée et comme pour beaucoup, toute ma sympathie appartient aux vaillants défenseurs du Mont Ségur, trahit par des mercenaires basques. J’ai souvent observé une certaine animosité des gens de mes montagnes envers les basques pour ce fait. Cela me paraît une aberration qui rejoint le racisme actuel, me rappelant une parabole que j’ai lu quelque part : un chasseur tue les jeunes d’un lion. Le lion se venge sur les êtres humains, car il n’est pas capable de différencier entre le coupable et l’espèce. Serions-nous si proche des animaux pour tomber dans les mêmes erreurs ? Sartre a raison que l’existence précède l’essence et devenir un être humain digne de ce nom soit un chemin laborieux que peut de gens entament ; pas par découragement devant la difficulté, mais par indifférence.

 

Chloé m’attend pour notre deuxième rendez-vous à la terrasse d’un café sous les arcades. Elle est assise en plein soleil, tandis que la place qu’elle m’a réservée se situe à l’ombre. C’est toujours elle la première qui arrive. Une fois de plus elle a de l’avance sur moi. On échange une tendre bise, plus tendre et plus charnel encore que l’autre jour à la sortie du restau. Chloé est d’excellant humeur, son visage est radieux. Comme moi, elle porte une robe d’été et des sandales.  

 

-Quel plaisir de te voir en robe ma petite Bella. Tu es très séduisante. L’endroit te convient-il ?

 

-Qui parfaitement. Comment as-tu deviné que je crains le soleil ?

 

-Rien de plus facile. La blancheur de ta peau te trahit. Quelqu’un qui passe la moitie de sa vie dans des livres n’a sûrement pas beaucoup occasions de s’exposer à la lumière naturelle. Sais-tu pourquoi j’ai choisi cet endroit ?

 

-Non, pas vraiment.

 

-C’est un emplacement idéal pour observer, mater si tu préfères. Tu verras combien de monde défilera devant nous. Il n’y a pas mieux pour se familiariser avec la psychologie masculine.

 

Je ne suis pas venue pour « mater » les hommes. Tout ce que je cherche c’est la compagnie de Chloé. J’adore l’écouter. Chacun de ses mots parle du monde en dehors de mes livres. Mais je ne suis pas contrariante.

 

-Dans notre société une femme dispose d’un avantage indéniable. Malgré tous les mouvements féministes, quasiment rien n’a changé dans la séduction. Le premier pas appartient encore à l’homme. Quelle aubaine pour nous. Mais si on veut que la séduction opère, à nous de faciliter la tache aux hommes. D’après toi Bella, comment fait-on ?

 

 -Je ne sais pas. Il ne me semble pas évident d’entrer en conversation avec un inconnu.

 

-Tu manques de l’imagination, Bella. Inutile de parler. Pour l’instant les mots sont de trop. La vie est beaucoup plus simple. Il suffit de chercher le regard. N’oublie pas de surveiller discrètement tes gestes et la manière dont tu es assise. Le tout se joue quand les regards des deux êtres humains se croisent. Si l’homme te plaît, un simple sourire peut l’arrêter dans sa course.

 

-Tu t’exerces souvent à ce jeu Chloé ?

 

- Oui, quand je me sens seule. Pour me prouver que je plais encore.

 

- Tu doutes de ton physique ? Tu te moques de moi ?

 

-J’ai quarante-deux ans, Bella. À mon âge la beauté n’est plus une évidence, mais un mérite qui se travaille tous les jours. Surtout à notre époque qui voue un culte à la jeunesse.

Que vois-je le matin quand je me regarde dans la glace ? Une femme qui a vieillie d’un jour de plus. Je n’ai pas d’enfant, je n’ai plus de compagnon, à moi alors de donner un sens à chaque instant de mon existence.

 

-Es-tu obsédée par le temps Chloé ?

 

-Au cours de ma vie, j’ai fait une drôle d’expérience. Le temps nous appartient. Il ne se déroule pas continuellement avec la précision d’un métronome, mais dépend de notre état d’esprit, de la manière que l’on remplit ses journées. Plus qu’on se jette dans des activités plaisantes, plus il paraît extensible. Ce n’est pas le temps chronométré d’un événement, d’une relation qui importe, mais l’intensité du vécu. Plus les émotions sont fortes, plus le temps perd de son pouvoir.

Une passion s’approche par les émotions ressenties étrangement à une petite éternité, autant pour le bonheur que pour la souffrance. Quand tu attend l’arrivée d’un être aimé la journée devient interminable et quand tu es auprès de ton amour tu ne compte plus les secondes qui passent et quand tu fais de l’amour, l’extase nous amène carrément ailleurs.   

J’ai du mal à croire à une vie après la mort, je préfère exister dans le « ici et maintenant » à travers d’autres êtres humains qui partagent avec moi cette fascinante aventure qui est la vie. Es-tu croyante Bella ?

 

- Je suis agnostique, je ne sais pas s’il y a un dieu ou pas. Mais parfois je me surprends à penser que je me lasserais vite d’une éternité auprès d’un bon Dieu. Alors je me cultive pour faire des réserves en vue d’un paradis pour m’échapper là-bas, en cas d’ennuie, dans mon imagination.

 

-Tu es déjà en train de t’entraîner ici, sur terre. Ne voudrais-tu pas aussi emporter avec toi une multitude d’expériences ? Qui sait, peut-être ça peut servir là-haut.

Tu n’aurais pas par hasard une petite citation, Bella qui s’accommoderait à notre discussion ?

 

-Oui et elle vient de Hippias, un sophiste grec : l’important n’est pas de tout savoir, mais de triompher de tout.

J’aime chez les sophistes le fait qu’ils mettent le quotidien de l’être humain au centre de leur philosophie, un existentialisme avant terme dans un certain sens. Ils ne cherchaient pas à élaborer ou s’approcher d’un savoir absolu, ils visaient plutôt à construire un homme du style qui sait tout faire. Bien sur, à leurs yeux les femmes étaient exclues d’une telle destinée. 

 

Chloé me regarde attentivement, puis elle me répond par une citation qui – venant d’elle   - m’étonne autant plus :

 

-Tant que la femme demeure une parasite, elle ne peut pas efficacement participer à l’élaboration d’un monde meilleur. Simone de Beauvoir : Le deuxième sexe ; volume deux. Mon mari fréquentait souvent des intellectuels. Certains parmi eux se faisaient un plaisir de me rappeler que je n’étais qu’un corps sans cervelle, les mêmes qui   - après la mort de mon mari – m’ont fait des avances. Crois-moi Bella, je connais bien les hommes. Ils savent dominer ce monde, mais pour le perpétuer ils ont toujours besoin de nous, les femmes.

Je comprends parfaitement le penchant de certaines féministes privilégies pour l’insémination artificielle. De quoi à vraiment effrayer nos cher mâles.

Je n’ai pas honte de ce que je suis. Dans un certain sens j’ai activement participé à l’œuvre de mon mari. J’étais plus qu’un simple modèle, j’étais sa muse.

Inspirer c’est engendrer ; inverser les rôles. C’est la muse qui met la graine en l’homme et c’est ce dernier qui tombe enceinte, supporte la grossesse et surtout l’accouchement. Quel triomphe formidable de la féminité sur la soi-disant supériorité masculine

J’ai posé pour plus de cent tableaux qui ont servis à embellir le quotidien de milliers de gens, qui ont servis à faire évoluer les mœurs vers une sexualité plus libre dont profite la jeunesse actuelle. Pense au fait aussi à quel point la définition de ce qu’on appelle la perversité a changé. L’homosexualité ne plus une pratique honteuse, mais un phénomène de société et je m’en réjouie. Tu t’en doutes que je suis pour les mariages entre homosexuels. Je suis aussi pour une sexualité libre entre personnes consentantes. La révolution française a séparé état et église. La révolution sexuelle a séparé vie privée et morale. Depuis la nuit du temps les classes supérieures ont profité de toutes les possibilités pour exciter leurs sens, mais ils ont réprimé les petits gens sous le prétexte de bonne moralité.

 

Chloé s’est laissée emporter par son enthousiasme. Elle a une voix qui porte. Les gens se sont retournés vers nous. J’ai envie de me faire toute petite et de me cacher.

 

L’après-midi touche à sa fin. La chaleur devient torride. J’ai une excellente mémoire et les mots de Chloé se sont gravés dans mon esprit. Ses théories ont l’air tellement simples. Il suffit de les appliquer dans la vie. Au moins, maintenant je suis armée.

 

Chloé me propose une promenade dans le centre ville. Elle me montre des boutiques de maquillage où elle se sert, on me donnant des conseils précieux.

 

Elle me parle de parfum en soulignant que l’odeur naturelle de la femme soit la plus puissante des aphrodisiaques. Les phéromones se trouvant dans les secrétions de notre peau sont captées par les hommes. S’il y a compatibilité des odeurs, un lien invisible se crée spontanément entre deux personnes. D’où l’importance fondamentale de soigner aussi bien son odeur que sa voix et son physique. Un bon parfum ne doit jamais cacher l’odeur de la femme, il doit être son compagnon. C’est là, le secret de la parfaite séductrice. On "sent " une séductrice, dit notre langage.

 

Quand aux phéromones j’ai quelques réticences. Il n’existe aucune preuve scientifique de leur efficacité. Par contre, j’ai lu quelque part une étude fort intéressante à ce sujet. Il s’avère que dans les cloîtres les nonnes en âge de procréation (sic) ont leur règles toutes au même moment on « réglant » leur horloge biologique sur celle de la mère supérieure.

 

Les boutiques ferment. Les commerçants se préparent pour un week-end bien mérité. Chloé me propose de souper avec elle. Je ne vois aucun inconvénient. On a passé un bon moment ensemble et j’aimerais faire durer le plaisir. Demain je ne suis qu’attendue vers midi chez mon frère et ma belle sœur. Je ressens ces dimanches ennuyeuses comme une corvée. Je me suis pliée pendant des années à ce rituel et personne ne comprendra si je me décommandais. On me connaît bien. Bella est éternellement disponible pour sa famille. Pourvu que cela change. Pour l’instant il me manque encore le courage. On ne refait pas une vie entière en quelques semaines.

 

Depuis ma rencontre avec Chloé, je me sens différente. Je ne suis plus la Bella d’avant. J’ai un devenir maintenant. Une nouvelle Bella se prépare et je commence à l’apprécier. Parfois elle me fait peur, parfois j’aimerais brûler les étapes. J’ai l’impression que mon équilibre repose entre les mains de Chloé. J’éprouve une profonde gratitude envers cette femme, qui a su secouer la belle au bois dormant. Une Bella qui a du retard sur son époque et qui a surtout un retard envers la vie. Elle s’est trop longtemps privée pour les autres, elle a mis trop longtemps ses propres rêves aux oubliettes. Elle était devenue trop sérieuse, prudente et économe comme une mémère.

 

Chloé possède un joli quatre pièces à Toulouse, proche des beaux arts, avec balcon et vue sur la Garonne. Un endroit exceptionnel pour admirer un coucher de soleil magnifique. Je suis friande d’apprendre que son mari a exécuté, à l’abri des regards curieuses, sur le même balcon sur lequel je suis assise, toute une série de toiles. Maintenant elles sont un peu partout éparpillées en France et dans le monde.

 

-N’as-tu pas des tableaux de ton mari ici ? , demande-je.

 

-Je n’aime pas m’encombrer de souvenirs. Ils vivent en moi, je n’ai pas besoin d’un support visible. Pour moi, le passé n’a plus d’existence dans la réalité du présent. Il appartient au monde de la mémoire. Si je me laisserais engloutir par le passé, je n’aurais plus le loisir d’apprécier l’instant qui est la seule et unique vérité, un perpétuel devient qui bascule vers le futur. Je suis heureuse de vivre en fin gourmet, savourant avec délectation ce qui m’arrive. Autant pour le meilleur que pour le pire. Chaque événement a une raison d’être. 

 

-Je peux te poser une question indiscrète Chloé ?

 

-Naturellement. Pour moi, ce genre de questions n’existe pas. Je n’ai rien à cacher, surtout pas à toi Bella.

 

Je me sens flattée et cela me donne du courage.

 

-Reçois-tu des amants ici ?

 

-Jamais. Ici, c’est mon jardin secret. En plus, je ne veux plus m’engager dans une relation à long terme avec un homme. Un couple réussi est le fruit d’un travail en commun qui demande des années d’effort des deux côtés. Au début, il y a ce qu’on appelle de l’amour. Mais on s’aperçoit vite que cela n’est pas assez pour créer une harmonie. Il faut une multitude de centres d’intérêt à partager, sinon on tombe dans l’ennuie ; la routine et l’habitude sont la mort certaine de l’amour. Si on arrive à surprendre son partenaire tout les jours, même après des années, là on peut parler du vrai partage. J’ai partagé vingt ans de passion avec M. et après chaque année j’avais l’impression d’un surplus, d’une complicité qui devenait de plus en plus dense sans que l’un de nous deux se sente dépendant de l’autre. M. ne m’imposait rien, mis à part des séances de travail - et moi, de mon côté, je le laissais tranquille, quand il était en atelier avec ses modèles. M. était un homme charmant, un briseur de cœur, partout où il passait. Il ne pouvait pas s’empêcher de séduire, dès que l’occasion se présentait. C’était un jeu, il n’avait rien à se prouver, il était sur de lui. Pour lui, c’était sa manière de s’inspirer, de trouver des nouvelles idées. Il n’était pas un coureur des jupons, mais un collectionneur de beauté à immortaliser. Et cela se ressent dans ses tableaux, cette sincère passion pour la beauté féminine. Que cela soit dit, il choisissait souvent des modèles assez quelconques à mon goût, parce que la femme en face de lui, l’être humain avec ses défauts et qualités, le touchait. Mais sa manière de sublimer ces fleurs de l’ombre faisait son succès. Il n’offrait pas un quart d’heure de célébrité, il distribuait l’éternité. Quelle femme aurait pu refuser de poser pour un tel artiste ? Le côté narcissique ne connaît pas de limites.

M. était le centre d’un perpétuel tourbillon de nouveaux corps et visages.

 

-N’as-tu jamais été jalouse Chloé ?

 

-A ton avis ? Les premières années, je lui faisais des scènes terribles. N’oublie pas, je l’ai rencontré à seize ans et il était le grand amour de ma vie, malgré dix-huit ans de différence d’âge. Pourtant je n’ai pas vu un père en lui. Pour moi, il est resté toujours jeune. Il aimait rire, faire la fête, des bêtises, des surprises. Un personnage entier, sans la moindre répétition. Tu imagines, de te réveiller à côté de quelqu’un, sans savoir où il t’amènera ce jour-là. On partait souvent en voyage sur des coups de tête. Chaque fois que je lui proposais une activité, il était partant, avec l’enthousiasme d’un enfant qu’on émerveille. Il n’observait qu’une seule règle et là, il ne plaisantait pas : jamais laisser un tableau en chantier. C’était sa manière de respect pour ses clients et admirateurs. Parfois il me réveillait au milieu de la nuit pour m’annoncer qu’il avait fini. On disposait d’une voiture confortable, dans laquelle je continuais mon sommeil pendant qu’il conduisait. Il était insomniaque. Au début, j’essayais de faire les valises. J’ai vite abandonné. Je n’avais pas besoin d’emporter avec moi quoi que ce soit. Il m’achetait sur place ce dont j’avais besoin. Quand il voyait un endroit qui l’inspirait, il s’arrêtait et préparait ses fonds de toile, pendant que moi je dormais.

Le coffre de la voiture abritait un atelier ambulant. Par contre, il cachait jalousement ses toiles de tout regard pendant qu’il travaillait. Il ne supportait pas qu’on l’observe pendant les séances. Personne n’a jamais vu des étapes d’un tableau, même pas moi. Il a tourné "La fille aux cheveux noirs" vers moi, une fois fini. Je ne me suis jamais sentie aussi belle qu’à ce moment là. Il m’a révélé à moi-même. De suite je me suis sentie comprise par lui. C’est plus qu’un nu, c’est la vision de l’intérieur de mon âme. Comme j’étais heureuse de me voir en beauté parfaite et effrayée à la même occasion par ce coup d’œil dévoilait plus que je savais sur moi à cette époque.

Je divague un peu. Excuse moi. M. était un personnage extrêmement complexe, que je perds vite le fil. Retournons à la jalousie.

Je suis restée son modèle pendant un an, sans qu’il me fasse la moindre avance. Il avait une façon personnelle de mettre une femme à l’aise, ce qui est indispensable pour les nus.

Puis, un beau jour, au milieu d’une séance de travail, il a posé son pinceau. Il avait un rapport charnel avec la peinture. Parfois il se servait de ses doigts, de la paume de sa main, des avant bras ou coudes. Il avait horreur des blouses de peintre et ses vêtements étaient aussi tachés que lui.

Il s’est approché de moi en me disant :

  -Ma belle, petite Chloé. Je n’arrive plus à te considérer comme un modèle.

Il m’a tendrement embrassée sur la bouche. Combien de mois j’avais espéré ce moment. Je me suis blottie dans ses bras. Il m’a caressé mon corps avec l’art d’un peintre expérimenté, laissant des empreintes de couleur partout. Il y avait l’odeur de peinture, l’odeur d’huile et ses mains douces et glissantes. Ça c’est passé un après-midi ensoleille dans cet appartement.

C’est ainsi que je suis devenue sa compagne. Comme toutes les jeunes filles je voulais l’exclusivité de lui. J’étais trop inexpérimentée pour comprendre qu’il avait besoin de plus qu’un seul modèle.

Jalouse, furieuse et j’ai faillie me battre avec une fille qui venait pour poser. Il nous a calmement séparées et s’est excusé auprès de la fille pour l’incident. Il lui a demandée de nous laisser seuls pour un moment, en précisant que ce ne serra pas pour longtemps.

Une fois seul il m’a dit :

  -S’il y avait un choix à faire entre toi Chloé et ma peinture, ce sera la peinture, sans hésiter.

S’il y avait le choix entre toi et une autre femme, ce sera toi. Je sais très bien faire la différence entre mon travail et mon amour.

  -Moi, je veux des certitudes. Si ton amour pour moi est sincère, épouse-moi.

  -Promis ! Dès que j’aurai finis mon nouveau tableau, je m’occuperai de notre mariage. Vas en ville, pour te choisir la robe de tes rêves, mais laisse-moi travailler maintenant.

Il a cherché la fille et disparaissait dans l’atelier avec elle. Je me suis trouvée seule et exclue.

Nonobstant, on s’est vraiment marié, comme il avait promis. J’ai mis pas mal d’années à le cerner. On fait, c’était un homme parfaitement fidèle, malgré un nuage de femmes qui flottait en permanence autour de lui. Vers mes trente ans, je n’avais plus l’ombre d’un doute sur lui.

On formait un couple uni sans disputes, dans une confiance mutuelle. Je ne te cache pas que moi aussi, pour ma part, j’étais courtisée de tous les côtés. Il ne me demandait jamais des comptes de mes journées ou soirées, quand il travaillait. Il m’aurait été facile de le tromper.

Après sa mort, je ne suis pas restée longtemps sans compagnie d’homme. J’avais trop de mal à supporter la solitude. Elle me pesait à un point de me jeter dans des bras inconnus.

Malgré tout, je pense que je suis restée fidèle à M., à ma manière. Jamais je n’ai amené un amant ici. Aucun entre eux ne sait où me trouver à Toulouse. J’ai l’habitude d’apparaître et de disparaître quand cela me chante. J’ai aussi appris à me familiariser avec la solitude. Parfois elle me manque et je me cache chez moi. Le reste du temps, je vis à cent à l’heure et je m’amuse. J’aime le bain de foule, j’aime me montrer, j’aime me prouver que je plaise encore.

 

-Sur ce point, je peux te rassurer Chloé. Je n’ai jamais connu une femme aussi attractive que toi. Tu portes la séduction sur toi et tu ne laisses personne indifférent.

 

-Alors prouve le Bella !

 

Je deviens toute rouge. La réponse de Chloé a été trop évidente. Je n’ai pas d’expérience d’un premier pas. Je suis timide.

 

Heureusement Chloé est là. Elle me caresse doucement la joue.

 

-Comme cette rougeur te va bien Bella. L’attrait du nouveau, du défendu est inscrit dans tes yeux.

 

Elle s’approche encore plus vers moi et m’embrasse dans le coup. Sa langue tourne autour de la naissance de mes cheveux. J’ai la chair de poule, malgré la chaleur de ce soir. Elle commence à me mordiller mes oreilles, des petits coups de dents bien précis, comme si elle devinait instantanément mes points sensibles. Elle glisse sur mes bras et mains avec la pointe de ses ongles, remonte à nouveaux vers mes épaules et le haut du dos. La sensation est étrange, des caresses, mélangées à la sensation que l’on me gratte le dos. Je n’ose pas bouger. Je suis figée.

 

-Laisse-toi faire, dit-elle pour distraire mes inhibitions.

 

Sa bouche cherche la mienne. Elle m’ouvre délicatement mes lèvres avec sa langue et commence à m’explorer. Lentement par sa douceur et sa patience elle arrive à me détendre. Nos langues font connaissance. Je suis sécurisée. À mon tour je m’adonne à Chloé. Nos baisers deviennent de plus en plus ardents. Je sens que Chloé ouvre la fermeture éclair de ma robe qui tombe par terre en silence. Sentir ma robe glisser me semble comme des innombrables mains qui passent sur mon corps.

 

Le temps perd son existence. On se trouve tout les deux sur le lit de Chloé. Elle ne fait aucun effort de m’enlever le slip et le soutien gorge. J’ai envie de lui arracher sa robe, de lui arracher ses sous-vêtements, de sentir son corps nu collé contre le mien. Et elle attend, respecte ma pudeur, se languit d’une initiative de ma part. Je ne suis pas encore prête. On n’exorcise pas des tabous dans une seule soirée. Ma réticence, ne la fâche-t-elle pas, ne la vexe-t-elle pas ? Est-ce qu’elle me donnera une deuxième chance, si je jouais aujourd’hui ma carte de l’ingénue. Est-ce que je frustre Chloé autant que je me frustre ? Malheureusement, je n’arrive pas à me décoincer. Nos corps se collent, s’enlacent, se frottent. Le désir d’être nue devient irrésistible. Et là, à ma grande surprise, Chloé se détache de moi et se lève. Ma frustration n’a plus de limites. Abandonnée en pleine excitation, Chloé me regarde avec tristesse et compassion.

 

-Aujourd’hui, ce n’est pas notre jour Bella. Je suis peut-être allée un peu trop loin, je ne voulais pas te bousculer. Mais je ne suis pas pressée parce que tu m’es précieuse. La prochaine étape sera la bonne. Et si je nous préparais à manger ? N’as-tu pas faim ?

 

 

suite chapitre 4.1

 

Par isabelle183 - Publié dans : La fille aux cheveux noirs
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Mardi 29 avril 2 29 /04 /Avr 18:41

                              2  RÉFLEXIONS À LA MAISON              

 

Je ne reverrai pas Chloé avant deux semaines. Je sais qu’elle voyage beaucoup. C’est sa grande passion. Elle adore visiter des nouveaux coins et faire des rencontres. Sa gentillesse naturelle lui facilite la tache et sa beauté et son éternel sourire sont des atouts majeurs.

 

Je ne me sens pas du tout jalouse de sa vie. Je suis plutôt une femme qui a besoin de repères. Je suis bien dans mon petit deux pièces que la mairie a mise à ma disposition. Le salon avec son coin cuisine est bien exposé avec vue sur la ville et les montagnes. Le soir, j’aime regarder par ma fenêtre les lampadaires à l’ancienne en fer forgé. Les touristes se promènent dans les rues. Les néons des bars et restaurants s’allument sur un fond de ciel sur lequel défilent toutes les gammes imaginables de bleu. On dirait un tableau de M, sauf que ses créatures de rêve manquent. Qui sait, peut-être en passant par ici, il m’aurait remarquée, m’aurait proposée de me peindre. Qu’aurais-je fais ? Je pense que j’aurais été partagée entre deux formes de lâcheté : trop lâche pour accepter, trop lâche pour refuser. Je me serais sûrement enfuie avec le regret de passer à côté d’un événement. Ma pudeur maladive, en seul héritage parental, est un fardeau bien lourd. Moi aussi, j’aimerais être sublimée et éternisée sur une toile. Comme Chloé. Pourquoi alors aurais-je refusé ? À cause de ma peur que l’on me confonde avec une femme facile, surtout en se montrant nue sur un tableau.

 

Et puis, ce permanent sentiment de culpabilité. Si je fantasme sur le fait de me montrer nue devant les visiteurs d’un musées, ne ressemblerais-je pas au font à une allumeuse, version intellectuelle certes, mais une femme exhibant ses charmes sans la moindre retenue quand même ?

 

Je m’accommode à ma médiocre réussite professionnelle. Le fait de gagner ma vie me semble un assez grand mérite. Ma place est stable et je suis à l’abri du chômage. Je n’ai pas besoin d’exhiber mon corps pour manger. Pourtant le travail n’est nullement garant d’indépendance de nos jours. Le plus souvent il exprime la soumission envers les exigences de la vie. On faisant mes études, je rêvais d’une carrière dans la bibliothèque nationale. L’idée, d’avoir accès aux manuscrits originaux de nos plus grands écrivains, me faisait plus frissonner qu’un mariage avantageux. J’étais recalée au concours. Je ne veux pas entrer dans la polémique qui tourne autour du principe de piston. J’ai bénéficié moi-même de ce système, après tout. Je ne suis pas devenue la bibliothécaire de mon village à cause de mes compétences, mais parce que je suis native du lieu. Mes parents et surtout mon frère me le rappellent assez souvent.

 

Ma petite ville me plaît bien. Je sors rarement le soir parce que j’ai du mal à faire des rencontres. Les bars et discothèques sont loin d’être mes lieux favoris.

 

Il me reste presque plus de copines. Elles sont toutes mariées. Elles ne m’invitent jamais. Je crois qu’elles ont peur que je leur pique le mari. Pourtant je ne suis certainement pas une tentatrice, plutôt timide et réservée. Je ne possède pas non plus une garde-robe qu’on pourrait qualifier provocante. J’ai une préférence pour les jeans mode et des moulants T-shirts barioles. J’ai une jolie poitrine, un peu petite à mon goût, et j’essaye de la mettre en valeur. Pour aller travailler je mets souvent une jupe écrue et évasée avec un twin set rose thé ou un pantalon noir à pinces avec un chemisier blanc ; pour me donner un air sérieux et décontracté à la fois. Je ne me vois pas en tailleur. Soit ça fait vielle fille, soit star lubrique de feuilleton américain style Ali McBeal. Ni l’un, ni l’autre me correspond. Je ne suis pas une midinette qui veut aguicher pour se soustraire à une pitre condition.

 

À la maison je suis toujours en jean avec mon pull noir fétiche, coupé près du corps. Ce petit pull me rappelle tellement de bons moments, j’aime le porter. Je ne crois pas qu’il soit tellement beau, mais je m’y sens à l’aise et ça, ça m’aide.

 

J’avoue que mon présent ne m’enchante pas. Cependant il me rassure par son immobilité, son absence de surprises. J’évite les pensées à l’avenir parce qu’elles m’effrayent. C’est là, où la réalité m’échappe. Le présent fini toujours par se transformer en futur. Je vis au bord du vide, hypnotisée par une attirance morbide. On ne comble pas ses lacunes en restant sagement à la maison.

 

Les rues se vident vite le soir hors saison touristique. Je l’impression que la ville m’appartienne, à moi seule. J’aime le calme, mélangé au doux bruissement de la rivière qui traverse la vallée. On s’habitue tellement à cette eau vivante qu’elle devient un berçant fond sonore.

 

Toutes les demi-heures on entend le clocher. Bien sur, à partir de dix heures du soir jusqu’à huit heures du matin on verrouille la sonnerie. On ne cherche pas à embêter les touristes.

 

Je ne me pose pas vraiment des questions pourquoi je vis seule, peut-être à cause de mon enfance, un peu spéciale, ou à cause de la déception avec mon mari. J’ai un beau visage avec des yeux très verts qui plaisent beaucoup. En ce qui concerne mon corps, je n’ai pas à me plaindre non plus. Je suis très grande, mince avec des belles fesses en forme de pomme. Pour cette raison je porte souvent des jeans. Je trouve qu’ils me mettent bien en valeur, sans provoquer ou choquer. Je préfère passer inaperçue.

 

Je suis ne pas une fanatique de bijoux précieuses. Le toc me suffit amplement, avec une tendance pour ce qui est clair. Je trouve que ça me va bien avec mon look de fausse rousse. Mes cheveux sont mi-longs, permanentés, fournis et épaisses.

 

Je porte toujours une bague en topaze bleue, un cadeau de ma grand-mère pour mes vingt ans.

 

En maquillage je n’y connais pas grand chose. Bien sur, je fais un effort pour mon travail : teint clair, jeux pairs et très rarement un teint mat, beige nature. Un coup de eye-liner noir avec un mascara assorti et je suis prête. Je ne suis pas une femme qui passe des heures dans sa salle de bains.

 

Je n’ai pas habitude de rouge à lèvres. C’est inutile. Mes lèvres sont bien dessinées et pulpeuses naturellement.

 

Par contre je connais l’importance des mains dans mon boulot et j’opte par facilité pour un blanc nacré.

 

Tous comptes fait, je suis une jolie jeune femme. Alors pourquoi je reste seule ? Peut-être par habitude que j’ai acquise pendant les quatre dernières années.

 

En bouffe, je ne suis pas exigeante. Pour le midi je me prépare des salades de riz avec du thon ou anchois de préférence, ou, si je la flemme ou un coup de cafard, je fréquente le snac à côté de la bibliothèque, pour un sandwich poulet salade, sans mayonnaise. J’ai trop peur de grossir.

 

Les soir c’est le plateau télé ou simplement du fromage, surtout des pattes molles à caractère, mon pêché mignon.

 

Un dimanche sur deux, je mange chez mes parents, mon éternelle hantise. Chaque fois je me pose d’avance la question ce qu’ils veulent encore de moi. Le dimanche suivant, je suis invitée chez mon frère et ma belle sœur. Manière de tuer le temps et garder des bonnes relations.

 

Mes seuls moments de loisir, ce sont les samedi et le mercredi après-midi que je consacre entièrement à la culture : musées, expositions, tour des librairies.

 

Je vie sans histoire. Puis, Chloé est apparue, pour tout chambouler.

 

Je me suis achetée un catalogue de vêtements par correspondance que je feuillette avec la même passion avec laquelle je lisais avant les grands classiques. Je suis étonnée par la multitude de possibilités pour une femme de se faire belle. J’essaye de m’imaginer dans des tenues extravagantes ou carrément sexy. Mes rêves sont en train de changer. Je n’ai plus envie de vivre les passions des autres à travers des mots imprimés. J’ai décidé de prendre part à la vie, créer mes propres aventures. Pendant des années j’ai menti à moi-même. Au fond de moi, je ne suis pas cette fille sage que je représente pour toute la ville. Moi aussi, je veux plaire, surtout à Chloé.

 

Je me rends compte à quel point on ment aux adolescentes. Au lieu de nous aider à développer les talents et capacités qui sommeillent en nous, on essaye de nous enfermer dans un rôle que notre civilisation réserve toujours à la plupart des femmes. Une certaine soumission est exigée, car une femme sure d’elle, fait peur aux hommes. Une jeune fille, promise à un avenir brillant, se heurte à une morale absurde. Malgré les efforts du féminisme rien n’a véritablement changé hors des grandes villes. Ce qui est différent aujourd’hui, c’est que l’on cache le statut d’objet sous un prétexte de mode. La publicité est impitoyable. Elle envahit aussi bien l’univers masculin que féminin. Elle ne connaît pas de limites, en seul domaine où l’homme et la femme sont égaux. L’homme aussi se commercialisé et devient un produit de consommation. Quelle belle consolation ! Mais comment faire pour y résister ?

 

Depuis quelques jours je montre un incroyable intérêt pour la lingerie, moi qui n’ai jamais abandonné le cotton. Je découvre les bustiers, les bodies, les porte-jarretelles et les guêpières. Honnêtement, c’est beau. Mais j’ai du mal à m’imaginer dedans. Ma mère m’a toujours fait comprendre que ce sont des vêtements pour filles à mœurs légères. Un souvenir me revient. À l’age de quatorze ans je m’étais achète un porte-jarretelles, discrètement bien sur, parce que je l’ai trouvé ravissant. J’avais beau à le cacher. Ma mère qui avait toujours fouillé mes affaires le trouva et me fit une scène terrible qui s’est fini par une correction physique.

 

Les jambes de Chloé l’autre jour étaient gaines par un superbe collant ou fut-ce des bas à coutures. Je n’en sais rien. Connaissant Chloé, la solution de l’énigme me parait assez évident. J’entrevois mes contradictions. Je refuse d’intégrer avec tout moyen le rôle classique, destinée à une femme, mais secrètement je rêve de me transformer en aguicheuse. Ma tête et mon corps ne parlent pas le même langage ; ce que mon esprit me défend, enflamme mes sens. L’excitation n’obéit pas à la logique. Ici se pose mon véritable problème, me concilier avec moi-même, trouver un compromis, un équilibre vivable qui reflète pleinement ma particularité d’être humain ; sans renoncer à mes idées, sans priver mon corps de sensations. J’ai lu beaucoup d’ouvrages sur la psychologie. Gaston Bachelard dit qu’une analyse s’impose si dans une connaissance la somme des convictions personnelles dépasse la somme des connaissances qu’on puisse expliciter, enseigner ou prouver. Je pense que c’est mon cas. Cependant je n’ai pas envie de me confier à n’importe qui. Le déroulement des séances me répugne. Je ne veux pas me trouver en face de quelqu’un qui, par éthique professionnelle, se veut neutre, indifférent en pratiquant une écoute flottante. Je préférerait me confier à un être doté d’une âme, d’une compréhension chaleureuse, comme Chloé. Devant elle je n’aurais pas honte de me laisser aller pour lui révéler mes abîmes. Elle ne m’aidera pas à trier le rationnel de l’irrationnel, ce que je saurai faire moi-même ; non, elle me réconfortera par son vécu dans mes irrationalités. J’ai besoin d’un échange amical, d’une initiation au monde des sens.

 

Chloé est si différente de ma mère et seulement sept ans les séparent. Je regrette de ne pas être la fille de Chloé. J’aurais moins souffert pendant mon enfance, je serais différente aujourd’hui, sans complexes, sans honte, culpabilité et fausse pudeur.

 

De l’autre côté, quel avantage d’être son amie. Elle m’a invitée à B., au bord de la mer. Une ouverture inespérée vers une nouvelle vie. B. se situe assez loin de chez moi, je pourrais me permettre des caprices qui me sont interdits chez moi où tout le monde connaît mes parents. À B. je pourrais devenir moi-même. Je me rends compte que je ne suis pas ce que je voudrais être et surtout que je ne sais pas ce que je voudrais être. Je suis sure que Chloé va m’aider à découvrir la véritable Bella. J’envie Chloé pour son autonomie et sa façon d’être naturelle, d’être simplement elle. Le mot envie est faible. Il y a un arrière goût de jalousie et, même si je n’ose pas me l’avouer, une certaine haine parce qu’elle peut se permettre ce qu’on m’a défendue depuis ma plus petite enfance. Elle ne doit des comptes à personne. Sentiment étrange de haïr quelqu’un qui nous attire. Oui je suis attirée par Chloé et je la déteste pour cette raison. C’est le côté de ma mère en moi qui crée ce sentiment. Je suis confuse. Ma mère a trop bien réussie mon éducation on me inculquant une multitude de tabous, qui vivent en moi et qui m’empêchent de m’épanouir. Au lieu de haïr Chloé, je devrais haïr ma mère, mais j’en suis incapable. Toute ma vie j’ai essayé de gagner son amour, sans avoir le moindre retour. Tous mes sacrifices pour lui faire des cadeaux. Inutiles ! Jamais contente. Je plains mon père. Suis-je comme elle ?

 

Chloé, aux yeux de ma mère, est une femme peu fréquentable. J’ai vingt sept ans, mais ma mère serait capable de m’interdire le contact. Je me sens devant un choix difficile. Si on nous verrait ensembles au village, un conflit entre moi et mes parents éclatera à coup sur.

 

Je crains le pire. Je vois mes parents rompre les liens avec moi. Quel gâchis. Je sais que je suis faible. Vais-je laisser tomber Chloé pour faire plaisir à mes parents ? Continuerais-je ma vie qui m’ennuie de plus en plus ? En tout cas dès que ma mère apprendra l’histoire avec Chloé, je n’aurai plus droit au petit plats cuisinées qu’elle me donne toutes les semaines.

 

J’essaye de chasser les idées noires par des rêveries érotiques. C’est ma façon à moi de me détendre. Je médite sur le tabou de la nudité, si bien encrée dans notre culture judéo-chrétienne. Combien de tableaux célèbres étaient censurés avec la feuille de vigne, par des âmes bienveillantes au nom de la pudeur et des bonnes mœurs. Encore au siècle dernier, le fait de montrer des sculptures d’hommes et femmes nus, était prohibé, même le nu artistique n’échappait à peine à la censure.

 

Et Chloé dans tout sa ? Se pose-t-elle ce genre de questions-là ? Je ne pense pas. Elle fait ce qui lui plait. Elle s’en moque de ce que les autres pensent. Elle n’écoute que son désir.

 

Poser nue pour des tableaux, devant des peintres, me fascine, m’excite, me choque. Bonjour mes tabous et encore merci ma mère. Mais le trouble c’est installé en moi, mes valeurs ont prises une gifle salutaire.

 

Je sais que j’ai des forts désirs exhibitionnistes. En face de ma chambre se trouve une maison de retraite. Mes rideaux sont fins et avec la lumière artificielle il n’est pas impossible de me voir de l’autre côté quand je me déshabille pour me coucher. Je ne sait pas réellement si on m’observe ou pas. Mais l’idée en moi n’est pas innocente : le fait d’être vue nue ou quasi nue me provoque des frissons. Je suis fière de mon corps et j’aimerais qu’on puisse le constater. Mélangé à un sentiment de gêne, un peu malsain parce que ceci m’excite, j’ai des montés d’adrénaline, pas possibles. Parfois je fantasme sur le fait qu’un de mes lecteurs de la bibliothèque pourrait m’observer.

 

Ma justification est toute faite : je suis chez moi. L’autre n’a pas à regarder ce qui se passe dans mon appartement. C’est lui le fautif, le voyeur. Moi, je garde bonne conscience.

 

Je ne suis pas très intrépide de nature : sinon je ferais bien du sauna. Dans mes fantasmes les plus poussés j’imagine des vacances naturistes.

 

Chloé m’a confié qu’elle aime prendre des bains pendant des heures. Là aussi, mes souvenirs sont cuisants. On restant trop long temps dans la baignoire, ma mère est entrée dans la salle de bains, sans prévenir comme d’habitude. Elle me surprend en train de me masturber. Fidèle à sa manière, j’étais sévèrement punie, autant physiquement que moralement.

À l’heure de l’arrive de mon père de son travail, j’ai dû attendre au coin. Mon père, contestant les méthodes de ma mère, refusait de m’infliger une correction supplémentaire, ce qui générait une violente dispute conjugale, suivi d’une bagarre physique entre mes parents.

 

Pendant des mois ma mère m’a tenue pour responsable de ce conflit familial, avec comme conséquence une interdiction totale de la baignoire ; approuvé par mon père qui se réjouissait des économies supplémentaires.

 

Jusqu’à mon mariage, je ne me suis rarement masturbée ; par peur inconsciente d’être punie, malgré le fait que je suive des études dans une autre ville.

 

Inutile de dire que je n’ai pas connue d’orgasme avec mon mari qui ne pensait qu’à son plaisir, sans se soucier du mien. Il me reprochait d’être frigide et m’a vite trompée. 

 

J’ai connu d’autres hommes qui étaient plus tendres, mais mes orgasmes sont restés rares et pas vraiment satisfaisants. Alors quoi de plus naturel que de rester seule et vivre dans mes rêves ?

 

Je fantasme sur des scénarios avec Chloé. Je veux me sentir pour la première fois de ma vie vraiment aimée, dans le sens psychique et physique, et je veux que ce soit par une femme. Récompense ultime pour un manque d’amour pendant toute une vie.

 

L’histoire de la poétesse Sappho sur l’Isle de Lesbos m’est bien connue. C’est une histoire triste : Sappho, rejetée dans son amour pour Paon, se noie dans la mer, par désespoir.

 

J’adore la poésie et je trouve que René Char a bien résumé le pourquoi : « le poète est la partie de l’homme réfractaire aux projets calculés ».

 

Avec Chloé je suis en train de découvrir mes tendances lesbiennes. Je ne suis pas à la recherche d’un ersatz pour un homme, je suis en quête d’amour d’une femme plus âgée que moi. Je ne suis pas dupe sur mes motivations. Je veux me libérer de l’emprise de ma mère. Pourtant je ne vois pas une mère en Chloé, mais une vraie amie et qui veut bien partager ses expériences avec moi.

 

Peut importe ce que disaient les psychiatres, il n’y a pas longtemps encore : Le lesbianisme n’est pas une perversion (comme c’est rassurant), mais une déviation érotique ; soit fondé sur une névrose profonde (voir les péripéties de mon enfance), soit sur une absence de maturité. 

 

Pour moi, Chloé est le symbole même de la femme féminine, de la « vraie femme » comme disent les hommes. Chloé mon amour, comme deux semaines de séparation peuvent être longues. On plus, tu ne me donnes pas signe de vie. Je me sens affreusement seule et abandonnée. Reviens-moi vite. Enlève-moi dans ton univers de poésie et de magie.

 

 

suite chapitre 3

 

Par isabelle183 - Publié dans : La fille aux cheveux noirs
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Lundi 28 avril 1 28 /04 /Avr 21:26

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« Les mémoires de Lucie »
(Titre original : Besoin d’évasion) est un petit  roman feuilleton autour de la fessée comportant une trentaine de chapitres. Il est publié en épisodes depuis le printemps dernier sur le blog de JPC,  lapin à lunettes noires, plus connu dans le monde des amateurs de la fessée sous le pseudo Escobar.

 

Pour ceux et celles qui ne connaissent pas, Jpc c’est tout un univers de dessins mettant en scène la fessée entre filles. L’atmosphère reflète particulièrement bien ce que l’artiste appelle l’âge d’or de la fessée.  Je trouve ces dessins magiques, car ils réveillent en moi mes émotions d’adolescente. Je pense il en est de même pour beaucoup d’autres femmes qui ont développées comme moi un goût pour cette pratique érotique qui est la fessée.

 

Cet avatar lapin me fait toujours penser à Alice aux pays de merveilles. J’ai su préserver entièrement mon côté candide de jeune fille que je réserve uniquement pour mon entourage proche et qui fait beaucoup rire. J’ai pas mal bagages qui me servent dans ma vie sociale, mais en privé prime mon côté naïf et je le cultive. Je suis très fleur bleue et rien de surprenant que ma fleur préférée soit le bleuet des champs. Il reflète à la merveille mes contradictions : pur produit des villes, plus à l’aise sur des hauts talons en chemin bien tracée qu’on pleine nature, plutôt maladroite que débrouillarde et rêveuse d’une vie d’antan proche de la nature et réglementée par une discipline traditionnelle très stricte version « belle des champs » à ma façon.

Rien d’étonnant donc qu’il ne m’ait suffit que d’un seul dessin pour que je suive le lapin blanc pour faire un tour dans son village.

Il est rare que je me sente « chez moi » quelque part, mais là ce fut instantané. Un sentiment d’être comprise au plus profond de ce qui est en moi.

 

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J’aime particulièrement dans les dessins d’Escobar qu’il s’agit d’une mise en scène de fantasmes. Je pratique la fessée érotique et la disciplinaire en couple. La vie sociale nous impose une séparation entre fantasme et réalité. Les frontières sont modifiables à petite échelle uniquement dans l’intimité et j’essaye en privé de concilier les deux aspects en créant un cocon « hors du temps » et quelque peu anachronique. Mais le village d’Escobar restera à jamais du domaine du fantasme.

 

Dans ce petit roman sans prétention « Les mémoires de Lucie » j’ai essayé de retracer au plus juste mes fantasmes d’adolescente. Un authentique témoigne de ce qui s’est passé dans ma tête au niveau des rêveries d’une ado qui n’a jamais reçue de fessée réelle et qui n’ose pas encore imaginer que cette partie de ses fantasmes peut en partie être réalisée.

Lucie n’est pas une adolescente ce qui correspondait aussi à mes « créations » de jeune fille. Avoir 20 ans, voir 22 me paraissait tellement enviable que je me projetais dans ce futur si lointain.

 

J’ai donc fait des concessions envers des critères qui rendent un récit érotique « excitant » aux yeux d’un lecteur en privilégiant  la naïveté de Lucie. « Les mémoires » ne sont pas pour moi un roman érotique, mais un roman d’initiation.

 

Je considère « Lucie » comme une sorte de « conte de fée aux pays de la fessée ». Pour les amateurs de ce genre qui ont su préserver une âme d’ado qui appréhende avec incertitude et craintes la vraie vie sexuelle, j’ajoute ici deux épisodes de Lucie, illustrés avec des dessins de JPC qui est en quelque sorte le papa de Lucie. Sans ses dessins et sans ses encouragements je n’aurais jamais écrit cette histoire.

 

Je vous laisse découvrir le monde de Lucie et je vous souhaite bonne lecture.

 

Par isabelle183 - Publié dans : Editorial - Communauté : La fessée
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Vendredi 18 avril 5 18 /04 /Avr 15:13

                                                               CHAPITRE I


                                              LA RENCONTRE

 

J’ai toujours été attirée par l’œuvre controversée du peintre M., disparu, il y a cinq ans, dans un accident de la circulation. Déjà adolescente, l’impudique charme de ses créatures me faisait plus vibrer que n’importe quelle actrice, chanteuse ou encore ambassadrice de mode. Ce goût, peut-être trop intellectuel, peut-être trop équivoque, m’a mise devant une évidence : dans le milieu où j’ai grandi, on juge inutile et dépourvu de sens ce que l’on n’arrive pas à comprendre. On rejette catégoriquement ce qui trouble nos sens et ce qui fait perdre le sang froid. La nouveauté commerciale est plus appréciée que la nouveauté des idées. Ce manque de curiosité envers la vie me semble caractéristique pour ma région.

 
Je dois être en décalage avec mes parents et mon frère, avec mes copines et mon entourage, peut-être même avec mon époque. J’étais aussi en décalage avec mon mari. Je l’ai mis à la porte seulement un an après notre mariage.

 
Je m’appelle Bella et j’ai vingt sept ans. Je suis bibliothécaire dans une petite ville touristique dans le sud de la France et je m’ennuie. J’aimerais me détacher de la conformité qui règne dans le soi-disant individualisme actuel. Je n’ai pas envie de m’enfermer déjà dans des clichés qui me paraissent ridicules. Je me sens trop jeune pour faire une croix sur une vie authentique et passionnante. Mais je suis toute seule et, pour que cela soit dit, pas très audacieuse pour réaliser mes envies. Pourtant ce ne sont pas les rêves qui me manquent et je me consume à petit feu à force de subir ce que les autres me dictent.

 
Puis, un mercredi ensoleillé du mois de mars, je m’étais enfuie de ma campagne vers Toulouse. Un exploit à mon niveau, motivé par une rétrospective en honneur d’M. Les barrières de la résignation, de la docilité et de la passivité s’effondrent parfois les jours de mes congés. 

 
Au musée de l’art contemporain l’inimaginable s’est produit. J’ai rencontré la "Fille aux cheveux noirs". Elle ne ressemblait plus vraiment à la jeune fille qui avait posé vingt cinq ans auparavant pour ce tableau. Une femme au sommet de sa beauté se tenait devant moi dont le visage reflétait encore les traits candides qui avaient rendus le tableau célèbre. Elle avait remplacé sa jeunesse par une personnalité intrigante ; un mythe qui a su bien vieillir. J’étais tout de suite fascinée par cette femme, au point de prendre l’allure d’une statue au beau milieu des tableaux. C’est là, où elle m’a adressé la parole.

 
-Préférez-vous les visions des autres aux merveilles qui sommeillent en vous ?

 
-Pourquoi cette question ?

 
-Nous sommes mercredi après-midi et dehors il fait bon. Les salles sont vides. À part vous et moi, personne n’est tenté aujourd’hui par la culture.

 
En fait, j’espère que je ne vous déçois pas trop. La beauté des muses n’est pas éternelle.

 
Pour la première fois de ma vie je me trouve en face d’un être qui appartient à un monde habituellement fermé aux humbles mortels. Je me refuse de vouer un culte aux people, mais je suis impressionnée quand même. Je me sens bête devant cette femme, Chloé M., icône de mon adolescence, connue pour son audace et – les mauvaises langues l’oublient souvent - meilleure danseuse classique de sa génération.

 
Je laisse parler mon cœur :

 
-Tout le monde passe par la jeunesse. Simple coïncidence biologique. Personnellement j’ai un faible pour la maturité.

 
Je découvre que la singularité de cette femme réside plus dans la richesse d’expression de son visage que dans les lignes parfaites de son corps. Sa sensualité passe avant tout par le regard. C’est là où se crée la distinction entre un pur objet de plaisir et une femme consciente de ses possibilités. Ses yeux dégagent une telle présence que son corps devient un accessoire pour sublimer un ensemble. Je comprends pour quoi M. a fait d’elle son modèle favori.

 
-Quel est votre prénom ?

 
-Bella !

 
-J’aimerais vous confier un secret Bella. La présence est un art qui se travaille.

 
-Vous me trouvez effacée, n’est-ce pas ? On me le dit très souvent ?

 
-Vous ressemblez à la jeune femme que j’étais au moment de poser « pour la fille aux cheveux noirs ». Quelque chose à l’intérieur de vous fait obstacle, vous empêche de s’ouvrir à la vie.

 
-J’ai parfois l’impression qu’au fond de moi se cache une autre

 
-.Oui, une beauté qui s’ignore. Vous avez tout pour plaire et séduire. Personne ne pourrait vous résister si vous travailleriez un peu sur vous-même.

 
Je suis perplexe. Les mots de Chloé me troublent. C’est trop beau pour le croire. Mais son visage dégage une profonde sincérité. Et sa voix et si mélodieuse et si envoûtante.

J’aimerais tellement qu’elle m’apprenne.

 
-Comment s’y prendre ?

 
-Avez-vous un peu de temps devant vous ?

 
Comme une gamine, prise en flagrant délit d’espionner les adultes, je rougis.

 
-Je vous trouve adorable, dit Chloé. Cette innocente pudeur, en couleur cuisse de nymphe émue, comme aurait dit mon mari, vous va si bien.

 
-Puis-je vous répondre avec une citation de Nietzsche ? La connaissance aurait peu de charme s’il n’y avait sur le chemin tant de pudeurs à vaincre.

 
Elle me regarde avec stupéfaction. Ca y est : J’ai encore crée un décalage de plus.

 
Elle n’en tient pas compte. Ouf, je suis sauvée.

 
-Il est bientôt midi. On devrait grignoter quelque chose. Me feriez-vous le plaisir de m’accompagner dans un petit restaurant sympa. J’ai horreur de manger seule. C’est juste à quelques pas du musée. Je vous invite.

 
Je n’ai pas l’habitude de me faire offrir le restaurant. Je tiens toujours à payer ma part. Étrangement, aujourd’hui je n’ose pas refuser. Chloé est tellement entraînante. Elle me communique sa bonne humeur. Je me sens heureuse pour la première fois depuis longtemps. Après tout, cela se fête.

 
Mes pensées divaguent. Quelle est donc la raison que je me sente si heureuse ?

 
Au lieu de me réjouir d’un bonheur si inespéré, je me penche sur une analyse détaillée de mes états d’âme, ce qui est absurde en soi, mais si caractéristique pour moi. En plus, je m’égare dans les définitions.

 
Quelle est donc la définition d’un sentiment ?

 
Cette réduction cartésienne ne m’effraye pas. Je suis en plein discours de la méthode. Sentiment : l’effet qu’une situation ou un objet, ici une personne, me procure, une interprétation particulière d’un vécu, liée à la notion du plaisir ou du déplaisir, au bonheur ou malheur, ou encore à l’ambivalence amour–haine.

 
Ça y est, j’y suis.

 
Des femmes comme Chloé m’attirent autant qu’elles m’incommodent. C’est plus fort que moi. J’ai toujours méprisé ces êtres qui se font entretenir et remorquer dans la vie au nom de leur beauté. Un tel comportement n’est pas vraiment vertueux (je parle comme mes parents), dans le sens où la vertu soit une qualité profitable à tous (je parle avec les mots de Platon) et non une nourriture pour mégalomanes (je parle à travers mes propres frustrations).

 
Je sais que j’appartiens à la confrérie des frustrés et je ne peux m’empêcher de faire du prosélytisme. Je ne suis pas contre que quelqu’un se procure des biens qu’il désire, mais d’une manière irréprochable, sans profiter des autres.

 
Quand j’étais adolescente, je suis passée dans un moule pour briser mes espérances. L’indépendance ne t’apporte rien. Pense à te marier.

Je déteste mes parents.

 
Alors je me suis révoltée : jamais je ne dépendrais matériellement d’un mec. Je suis devenue une femme libre ; par mon travail j’assure mon autonomie. Mon attirance pour Chloé me paraît suspect. Apparemment elle a bien suivie les conseils à l’égard des adolescentes. Par son allure, par sa carrière de modèle et rôle d’épouse elle arrive parfaitement à feindre une femme tel qu’elle devrais être. Sa façon de se vêtir ressemble à un déguisement. Son maquillage sert de masque. L’illusion est réussie. Mais elle va plus loin encore et c’est la où la double morale se dévoile : on accepte sans mal ce qu’on appelle une femme féminine, par contre on stigmatise la provocation. Quelle hypocrisie.

 
Pour l’instant je ne saurais dire si Chloé est intelligente ou pas. Par contre elle possède perspicacité et sens d’observation. Qu’a-t-elle vu au fond de mon âme, qui me vaut sa sympathie ?

 
J’ai l’impression que derrière une futilité apparente elle cache sa véritable personnalité, tandis que moi je la cache derrière une façade intellectuelle. Ce point, d’être obligé de jouer au cache-cache, peu importe l’approche à notre société, nous unis. Pour s’épanouir, tous le monde a besoin d’être reconnu dans sa vraie nature par un autre être humain. Et si c’était Chloé qui m’apporterait cette reconnaissance qui me manque tant.

 
Par une chance inouïe je saute sur un train en marche, à la première occasion qui se présente, même si mes sentiments envers Chloé et son monde ne sont pas sains. Je suis jalouse par privation d’un tel vécu qui me paraît subitement extraordinaire et enviable. Pour l’instant je ne suis pas capable de faire entièrement le tour de la question. Accrochée aux baskets Chloé, je lui suis comme une ombre qui se languit de la lumière. J’ai honte de moi et de mes pensées envers cette femme qui ne manifeste que des gestes de gentillesse à mon égard. La fascination opère, je suis subjuguée par ce que l’on appelle communément le charme.

 
Pour la saison l’air est un peu frais. L’idée de vivre quelque chose d’inhabituel me réchauffe.

 
Chloé m’amène dans un restaurant libanais. Je ne connais pas cette cuisine et il me tarde de la découvrir avec ma nouvelle amie.

 
Liban veut dire en arabe « montagne blanche ». Il s’agit d’une chaîne de montagne qui atteint jusqu’à trois mille soixante-six mètres et qui se situait en Syrie jusqu’en 1946, date de la fondation de la république indépendante du Liban. Venant de la montagne, je suis curieuse de savoir s’il existe, entre deux régions géomorphologiquement si semblables, mais géographiquement si distantes, des similitudes concernant la nourriture.

 
En entrant dans le restaurant, nous sommes accueillies par une musique douce et dépaysante ; l’odeur des épices caresse mes narines et la chaleur de l’endroit et sa décoration me font oublier la France. Je ne suis jamais allée au Liban. Je ne peux qu’imaginer à partir des photos dans les revues et livres de ma bibliothèque. Je suis bien documentée en géo ; sur la bouffe aussi, bien sur.

 
Malheureusement sans la chaleur d’un vécu, un livre de recettes ne sert que des plats froids. Je regrette amèrement de ne jamais prendre le temps de cuisiner. Quelle drôle d’idée. Je suis une femme libérée, une femme active. Je n’ai pas le temps, ni l’envie de m’intéresser aux taches ménagères. Et Chloé ? Saurait-elle préparer des petits plats ou est-ce que la vie d’artiste se déroule exclusivement dans les derniers restaurants à la mode ?

 
En tout cas, concernant le Libanais, je ne voudrais pas avoir un air trop ignorant en face de Chloé. J’en doute que ma culture de bibliothécaire fasse le poids. Alors je prends une décision importante : Je ne m’entourerai pas d’apparences trompeuses. Comment disent les Chinois ? Quelqu’un qui pose une question est considéré comme bête pendant cinq minutes, quelqu’un qui ne la pose pas, reste bête toute sa vie. Chloé m’inspire confiance. C’est décidé, avec elle, je serais enfin moi.

 
À mon grand étonnement ce restau ne marche pas trop mal. Quasiment plus de places sont disponibles. Le patron, derrière son comptoir, s’active et vient pour nous saluer. Visiblement il est familier avec Chloé. Il l’aide à enlever son impair ; à moi aussi à la même occasion. Il y a un début à tout. Je savoure ce geste d’attention. Ça me change agréablement des mœurs de la campagne.

 
Chloé porte une longe robe noire à manches touts simples. Dans cette ambiance exotique, la lumineuse base teintée de son visage avec des éclats de nacre, la rend presque irréelle. Le mascara brun roche, les paupières bleu vert irises, le rouge Chanel des lèvres et la coiffure, mise en plis à la Lauren Bacall, mettent à la merveille son côté excentrique en valeur. Pas surprenant qu’elle attire les regards. Le fait que ce soit moi qui l’accompagne, me donne de l’assurance.

 
Le restau possède une petite mezzanine, tout juste assez grande pour une table. La vue est plongeante, l’ambiance cosy et l’intimité garantie.

 
On montant les escaliers, je remarque la couture noire des collants de mon amie, un trait noir d’une droiture irréprochable en alignement harmonieux avec les talons aiguilles. À la démarche de Chloé on reconnaît facilement sa formation de danseuse classique. Avec elle je saisis ce que le terme élégance signifie vraiment.

 
-Les restaurants sont une bonne école de vie, dit Chloé. Il faut goûter à tout pour se faire une opinion. Désirez-vous du vin avec le repas Bella ? Je vous le conseille vivement. Les vins libanais sont fameux.

 
-J’adore les bon vins Chloé. Mais je dois refuser. Je viens d’A. et quand je me déplace en voiture je ne bois jamais.

 
-Je vous trouve bien raisonnable. Alors de l’eau minérale pour nous deux ?

 
-Volontiers !

 
L’étude de la carte nous prend un petit instant. Chloé m’explique les plats différents (fatouche, falafel, chich taouk et baklava). 

 
Puis, elle me pose des questions sur les régimes. Entre femmes il n’y a pas de mal.

 
-Le bon choix de la nourriture est d’une importance fondamentale. Sans alimentation pas d’avenir, inconvénient et privilège à la fois pour tout être doté d’un corps.

Ou, comme disait Roger Bacon, le moine franciscain : avant de commander la nature, il faut d’abord apprendre à lui obéir.

 
-Quel étrange vocabulaire Bella ! Obéir, commander ! Cherchons plutôt le côté jouissif de la vie.

 
-Je ne vois rien de jouissif dans la privation.

 
-Qui parle de privation ! Manger de tout, oui, mais en quantité raisonnable. Ensuite écouter son corps. Rien de plus simple. Il suffit de faire confiance au plaisir même. Dès qu’il s’estompe, le corps signale que nous avons assez mangé.

 
-Votre définition de la satiété me plait beaucoup, Chloé !

 
-Tenez Bella. Quand je découvre un nouveau plat, la première bouché est souvent la plus extraordinaire. La sensation est si intense qu’elle me rappelle le bonheur de la découverte de mon enfance.

 
La deuxième bouché imprègne le plaisir dans ma mémoire. 

 
La troisième bouché honore ma gourmandise, mais la quatrième est de trop, à mon avis, car l’exceptionnel perd son charme quand il devient une habitude.

 
- Vous avez une approche bien particulière à la nourriture et au plaisir. On ne m’a jamais parlée comme ça.

 
La mienne est beaucoup plus théorique, inspirée par la lecture.

J’ai retenu que le plaisir est plus lié à la qualité et diversité des ingrédients qu’à leur quantité ; qu’il réside davantage dans la découverte que dans la répétition et qu’il a besoin du partage pour atteindre son apothéose. Être sur la même longueur d’onde avec une autre personne permet de se surpasser et intensifier son propre vécu en rajoutant une dimension en plus qui resterait toujours inaccessible sans l’autre.

 
-Passons alors à la pratique.

 
-En fait, je vous trouve bien cultivée Bella.

 
-Mettez cela sur le bénéfice d’une déformation professionnelle. Je suis bibliothécaire.

  
-Comment est née votre passion pour les livres ?

 
-Ceci est un chapitre délicat, voire douloureux. Étant petite je n’avais pas le droit de jouer avec des autres enfants. D’abord, mon père est très anxieux de nature. Il se méfie d’un rien et voit le danger partout.

 
Alors j’ai commencé par me créer mes propres histoires avec comme seules copines, mes poupées et peluches. Puis à l’école apprendre à lire m’a ouvert des nouveaux horizons. Le monde d’extérieur que je convoitais tant, devenait accessible par la bibliothèque scolaire.

 
Deuxièmement, ma mère n’est pas ce qu’on appelle une femme instruite. Elle commettait des énormités devant les autres gens à un point que j’éprouvais de la honte pour elle ou plutôt à sa place.

 
Troisième étape : mes parents, tous les deux, partaient du principe que les études soient coûteuses et n’amènent à rien

 
-Une vocation ?

 
-Oui. Je me souviens parfaitement de ce jour-là. J’avais huit ans. J’étais en vacances chez ma grand-mère. Le ciel s’était couvert de brume et tous ce qui semblait loin disparaissait et cessait d’exister. À ce moment la maison me paraissait comme un cocon douillet et chaud. Dans la pièce à vivre se trouvait une petite étagère avec des livres pour tout âge et chaque goût. Le mauvais temps persistait pendant les vacances entières, mais c’étaient mes plus belles. Je passais mes journées dans les livres et faisais découverte sur découverte.

 
-Votre histoire est émouvante Bella. Si j’ai bien compris, vous êtes partie de rien, car votre père ne voulait pas financer vos études et votre mère ne voyait pas d’utilité. Comment avez-vous fait dans un contexte aussi difficile ?

 
-Je me suis donnée des moyens : des sacrifices sur les vêtements, le maquillage, les sorties et ainsi de suite.

 
-Je vous trouve bien courageuse.

 
-Vous étés la première à le remarquer. Pour ma mère tous mes efforts étaient un dû et pour mon père tous qui amenait de l’argent ou au moins qui ne coûtait rien, lui paraissait valable. Tous qui coûte, nous dégoûte, disait-il toujours. J’ai dû me financer mes études seule, aidée par une petite bourse et beaucoup de travail en restauration ou ménages. Ceci ne m’a pas énormément changé de mes parents. Déjà gamine j’étais la bonne à tout faire.

 
Vous comprenez aisément que j’étais motivée par mes études dans lesquelles personnes ne croyait. Même pas le jour où je tenais ma maîtrise en main. Je me voyais au bout de mes rêves.

 
Ensuite je me suis trouvée confrontée à d’autres difficultés. Un diplôme est une chose, décrocher un travail une autre. J’ai dû renoncer à mes ambitions et retourner au village en faisant appel à la mairie. On m’a généreusement confié la tache de créer une bibliothèque municipale pour les curistes. Je ne me plains pas, mon métier me plaît et me réserve beaucoup de libertés et initiatives. Je n’ai pas de supérieur, à part le maire bien sur, et je peux organiser ma bibliothèque tel que je le désire. Ce côté créatif de mon activité me paraît essentiel. Je ne considère pas mon travail comme une corvée, mais comme un moyen de préserver mon indépendance.   

 
Malheureusement j’ai fait mes comptes en excluant ma famille. En habitant chez eux ils ne cessaient pas de me rappeler à quel point ils s’étaient privés pour mes études et combien je leur devais. La proximité tue les sentiments.

 
Le regard de Chloé est bienveillant. Il n’exprime pas la compassion, mais un réel intérêt pour moi. Enfin quelqu’un qui sait écouter, à qui me confier.

 
D’ailleurs je suis étonnée de moi. D’habitude je ne parle pas aussi facilement. Je découvre un nouveau cocon où il fait bon vivre : la présence de Chloé.

Elle est en train de réfléchir, puis elle pose une question évidente et inévitable :

 
-Toutes ces années d’études et de travail vous ont sûrement empêché de faire connaissance avec la psychologie masculine ?

 
-Vous visez juste Chloé, quelques petites histoires et, à vingt et deux ans, un mariage   - pour échapper à l’emprise de mes parents   - qui s’est brisé après un an par un divorce.

 
-C’est vous qui l’avait demandé, n’est-ce pas Bella ?

 
-Oui, mon mari m’avait trompé avec une autre femme. Il ne s’est même pas donné la délicatesse de me cacher cette affaire.

 
Ce n’était pas le plus mal. J’ai pu enfin intégrer mon indépendance. Quand il est parti j’ai gardé l’appartement, heureuse d’être débarrassée de mes parents et d’un mauvais mari à la fois et depuis c’est le silence. Je ne vie que pour ma bibliothèque.

 
-Heureusement vous n’avez pas perdu le sourire.

Mais entre nous, Bella, avez-vous décidé de rester éternellement une petite fille ?

Votre chemisier fait si sage et vous osez à peine le maquillage. Ça ne vous tenterait pas de commencer enfin votre vie de femme ?

 
-Comment devient-on une femme ? Je n’ai jamais été informé par ma mère sur les réalités de la féminité, ni de la sexualité non plus, vous vous en doutez.

 
Je me sens de plus en plus stupide devant de Chloé. Je réalise que je me suis transformée en meuble de bibliothèque pendant des années.

 
Chloé efface mon malaise.

 
-Puis-je vous proposer le « tu » Bella ?

  -Avec plaisir !

 
-On t’a dicté depuis ton enfance ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire. Tu n’as jamais pensé à toi et tu te caches derrière ton boulot. Sous ton allure de jeune fille sage dors une femme. Pour l’instant tu n’arrives pas à la décrire, parce qu'elle te fait peur. Tant que cette peur te hantera, tu seras loin de toi. Réveille enfin ta véritable personnalité.

 
-Tu ne pourrais pas m’aider Chloé ?

 
-J’ai déjà commencé, non ?

 
suite chapitre 2

Par isabelle183 - Publié dans : La fille aux cheveux noirs
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Dimanche 13 avril 7 13 /04 /Avr 23:27

Le mari de N, celui que j’ai surnomme le « professeur Unrath », transpire à grosses goûtes. Il est épuisé par la fessée qu’il vient d’administrer à sa légitime épouse.

N, installée au coin de la pièce, nous présente un arrière train qui affiche une écriture imbibée de passion pour les sensations fortes.

 

Le professeur se déserre le nœud de sa cravate pour mieux respirer. Je suis sûre que la transpiration ne concerne pas que son visage. Ceci doit être le contrecoup de sa surcharge pondérale.

 

Il se tient très proche de moi, en imaginant déjà, poursuivre sa bonne action contre le laxisme de mœurs chez certaines femmes.

 

Si sa femme est « l’ange bleue », lui c’est un nouveau Aguire et représente la colère de Dieu sur terre.

 

Je flaire l’odeur de sa transpiration. Je dirais :  

 

« Cela sent l’homme qui perds la maîtrise de lui dans une situation délicatement perverse. »

 

Il faut se méfier que le jeu ne déborde pas trop.

 

M est là et je ne risque rien ce que je ne voudrais pas subir par plaisir. J’ai entièrement confiance en mon homme. Il est toujours maître de la situation, autant à la maison que dans la vie sociale. Personne ne sait me rassurer comme lui.

 

« Permettez, cher M que je m’occupe d’Isabelle. Après tout, c’est un peu mon devoir de mari. Votre petite élève a offensé mon épouse. »

 

« Je vous en prie, décidez de sa punition et chargez-vous de l’application. »

 

Le professeur est aux anges. La générosité de M le touche profondément. Son visage rayonne quand il se tourne vers moi.

 

« J’aimerais que tu enlèves d’abord toi-même ta culotte, Isabelle pour nous montrer que tu sois consentante pour subir ta correction. »

 

J’adopte une position de garde à vous avec mes mains posées sur l’extérieur de mes cuisses, les pousses largement écartés du reste des doigts et à la hauteur du bas de ma jupette.

 

Je remonte d’un mouvement lents et langoureux mes mains le long de mes cuisses en soulevant ma jupe à l’aide de mes pousses jusqu’à que ceux-ci atteignent l’élastique de ma culotte. Puis, je les insérés et commence doucement la descente.

 

En même temps, je fléchi légèrement mes genoux, cambre mon dos et fais bomber mon séant. Dans cette position arrive vite un point - en trémoussant légèrement les fesses - où la culotte commence à glisser toute seule.

 

Il faut un petit entraînement pour acquérir cette technique. J’ai pris de cours de strip-tease en cachette pour mieux détende M quand il a besoin de se changer les idées entre deux séances de travail.

 

Monsieur le prof reste béat devant ma performance. Visiblement il n’est pas un habitué de cabarets osés.

 

Sans me servir de mes mains, uniquement aidée par mes pieds, je me débarrasse de ma culotte dans la règle de l’art.

 

« Je voudrais statuer un exemple pour d’autres que les mauvaises comportements cessent de se propager.

N, retourne-toi et observe ce qui pourrait t’arriver. »

 

Il est quand même gentil, ce professeur. Il pense au bon moment à sa femme qu’elle en prenne aussi un peu de bon temps. Je suis sensible aux hommes attentionnés et je commence à bien apprécier notre invité. Je ne serai pas gênée en cas d’attouchements.

 

« J’aimerais aussi que tu quittes ta jupe, Isabelle. Cela me faciliterai la dure tâche qui m’incombe à t’inculquer la discipline. Tu seras plus à l’aise dans ta honte. »

 

J’ai compris, encore un adepte de la conception fessée honte. Je vais donc être avenante. J’ai un sens large d’hospitalité qui caractérise mon pays natal et pour prouver ma bonne volonté, je fais suivre la jupe le même chemin que la culotte, avec autant d’élégance. N me récompense par un petit mouvement d’un de ses sourcils peints. Maintenant, approuvée par une femme, j’ai la certitude que j’ai bien retenu la leçon du déshabillage érotique.

 

Mon chemisier est trop court pour couvrir la nudité de mon intimité. J’ai choisie la longueur express pour les grandes occasions.

 

Mon pubis imberbe impressionne toujours les monsieurs d’un certain âge qui ne sont pas au courrant de la mode actuelle.

 

Nous disposons d’une grande table basse au salon, acquise express pour les jeux coquins. Elle n’a pas échappé à la vigilance du professeur et il m’invite à m’installer à quatre pattes, les jambes bien écartées, puis de pencher mon buste à ras de la table, bien aplatie, ma tête reposant sur mes mains.

 

Il y a beaucoup d’hommes qui prennent plaisir de contempler une femme dans une telle position.

Je crois que là s’exprime une différence entre garçons et filles. En parlant avec des nombreuse copines, je me suis rendue compte que l’aspect visuel importe moins aux femmes  que l’aspect du savoir faire dans les caresses donc la fessée aussi en fait part.

 

Mes sentiments personnels d’adopter une telle posture ?

 

Le romantisme de me sentir livrée, abandonnée à un homme, de diriger ses émotions par la vue de mon corps et bien sûr la fierté de lui montrer ce qu’il ne possède pas et ce qui lui hantera tout au long de sa vie adulte.

 

Le professeur fait le tour de la table pour se familiariser avec son sujet d’étude. Il ne s’agit nullement d’un objet. Il est trop implique au travers de sa biochimie personnelle qui lui fait bouillir le sang pour garder l’objectivité nécessaire à la recherche.

 

La tentation de me toucher le démange. C’est plus fort que lui. Ma position se prête à la merveille pour observer ce qui se passe derrière mon derrière. Je vois la main du prof s’approcher de moi, puis je vois comme il la retire vite, gêné par son propre geste. S’il oserait se taper sur ses propres doigts, il le ferait.

 

Méphistophélès, sous les apparences de M, s’approche de lui, sans frapper à sa porte, car le professeur est entré par consentement dans l’âtre du tenteur qui voudrait le mettre à l’épreuve.

 

« Cher D, je vous donne l’autorisation de toucher Isabelle. Vous en crevez d’envie et je ne suis pas sadique au point de vous en priver. Isabelle m’a donné préalablement son accord. Sinon je ne me serais jamais permit de vous proposer cette faveur.

 

Je connais trop bien ma petite chérie. Elle se  soumet avec joie dès qu’elle se rend compte que son partenaire ne veut pas la soumettre. Elle ne vous donnera aucun plaisir si vous essayerais de la forcer. Elle est une femme avant tout et ne pas une source de satisfaction, comme elle ne cesse de répéter.

 

Mais soyez courtois dans vos gestes et évitez son centre d’excitation. Je suis vraiment amoureux de cette femme qui a su changer complètement ma vie par ses petites manies, si insupportables, que je voudrais pour ne rien au monde partager sa jouissance avec un autre homme. 

 

Sinon, n’ayez pas peur et faites comme bon vous semble.

Isabelle vous invite à découvrir son jardin privé par le bout de vos doigts.»

 

Le professeur est un fin taquineur avec son indexe qui établit le contact entre nos corps.

 

Quand un autre être humain entre dans notre intimité par contact corporel, il a toujours des émotions intenses qui se libèrent spontanément.

 

Son doigt fait le tour de mes globes pour évaluer le terrain avant de s’aventurier vers mon entre jambe.

Le professeur tient parole. Il est vrai qu’il évite le centre du séisme, mais laisse libre cours à ses envies concernant le reste. Il teste la douceur de mon pubis, de mes grandes lèvres, ma raie fessière et le contour de l’orifice non défendu. Il s’y prend plutôt bien et aiguise mes sens par des caresses particulièrement sensuelles et douces. Ce jeu me plait beaucoup et cela se voit.

 

« Je crois que l’on devrait passer à la punition. Sinon la petite Isabelle risquerait de perde de vue le but de notre jeu. »

 

 

«  Je suis d’accord avec vous, Monsieur le professeur. Inutile de faire le teste du buvard…

 

…Auriez-vous oreille musicale et le sens du rythme ? »

 

Monsieur le professeur ? Ai-je bien entendu ? M a-t-il une fois de plus deviné mes pensées intimes. Partage-t-il vraiment à ce point mon sens d’humour ?

 

Je me sens comprise. M est le seul à me cerner jusqu’au moindre détail.

 

« Le sens du rythme ? »

 

Unrath est un peu déstabilisé par cette allusion, peu évidente à déchiffrer pour un non-initié.

 

 « Eh bien, cher professeur que diriez vous d’un opéra à une voix et quatre mains, autour d’un air de Carmen par exemple »

 

« J’admire votre sens exquis du raffinement M. Vous n’êtes pas qu’un maître en peinture... »

 

Deux chaises sont installées face à face, les hommes prennent place.

 

N, l’épouse de Unrath, se charge de la musique, tandis que moi, contrairement à l’image d’une Carmen innocente, j’avance vers l’arène, tout en secouant hardiment des cheveux auparavant noués de façon stricte.

Mon côté inaccessible s’effonds soudain, je deviens la femme indomptable et fière que j’aime renvoyer de moi … celle rêvée et réelle tout à la fois d’une espagnole ou d’une italienne, bien loin de l’origine allemande que je m’efforce d’oublier.

 

N me lance un regard admiratif, ses yeux parcourant avec insistance ma belle chevelure.

 

J’adore m’exprimer par les mouvements.

Mais là, le balancement de mes hanches à la mesure de mes petits pas est difficile … Ah, ces talons plats ! J’aurais dû garder mes talons aiguille habituels.

Tant pis.

 

Je relève alors la tête dans un mouvement de défi, le regard braqué sur ceux qui m’attendent maintenant avec une impatience à peine contenue. Je pousse ainsi l’insolence à son paroxysme, offrant un beau contraste avec la docilité dans la mise à la disposition de l’orchestre pour un concerto à quatre mains. Tout en laissant mon corps exprimer ces effets contrastés, je m’évade un instant, … toute à mes pensées, oubliant que cet orchestre attend son instrument.

 

Une fois couchée sur deux paires de jambes, les garçons s’amusent d’abord à me déshabiller entièrement. J’ai pris depuis longtemps l’habitude de m’acheter des chemisiers qui se boutonnent dans le dos. Ils se font rare en commerce et je me sers dans les fripes. Mais l’effet est garanti devant un fesseur susceptible à la tenue de sa fessée.

 

Pour le corset, par accord tacite (voir aussi la « germania » de Tacite sur les mœurs d’hospitalité de mon peuple) M laisse le soin au professeur qui se perd vite dans cette tache entre fils et nœuds.

L’envie d’imiter Alexandre le Grand pour défaire un nœud ne lui manque pas. Mais il est poli et ne dispose pas d’épée.

Carmen dans l’opéra est déjà morte quand le dernier ruban sort de son œillet. Mon corps porte l’empreinte du corset et les hommes  se divertissent à redessiner les marques avec leur bout de doigts.

 

N, en remettant l’air de Carmen, les rappelle à l’ordre.

Ils sont du mal à s’accorder sur le terrain qui est mon fessier tendu vers eux. Je n’ai jamais vécu une telle situation et je suis un peu crispée. Néanmoins : je n’ai pas de coui…s, mais je suis courageuse quand même.

Leurs tapes sont gentillets et ne provoquent qu’un léger rosissement de mes épidermes pendant ce prélude claquant.

Le plaisir de ces messieurs ne m’échappe pas, ni de l’un, ni de l’autre côté. Entre autre, je savoure la fessée sur les genoux en raison de cette communication si intense et directe entre le masculin et le féminin.

 

N trouve les hommes un peu trop mous dans leur attitude et change de musique. La marche de Radetzky réveille les esprits et donne du tonus à leur entreprise.

Cela devient vite douloureux pour ma peau, mais j’aime trop cet érotisme rude qui passe par les épidermes.

Toujours farouche, j’essaye de leur donner encore plus de mordant en me débattant et en poussant des cris. Je respire spasmodiquement, bien audible pour tout le monde en mettant ainsi en valeur le saillie de ma croupe. Je suis largement récompensée par le langage des corps : Dur, dur, autant pour mes fesses que pour le contenu de pantalon de mes fesseurs.

Je m’adapte à la situation en bougeant comme il faut.

M qui a pourtant habitude de moi, devient méfiant. Il se souvient trop bien d’une tache involontaire qui m’avait tant amusée.

 

Le professeur par contre n’arrive pas au bout de cette marche militaire. Sa retenu déserte devant une adversaire expérimentée en stratégie dans cette forme de bataille concernant le corps à corps. Elle se perd absorbée par le tissu de son pantalon.

 

Le pauvre, visiblement gêné par cette « bavure », arrête la punition et essaye de retrouver son souffle.

 

M, gentleman comme toujours, le rassure :

 

« Bien venu au club. L’indomptable Isabelle a encore fait une victime. »

 

On m’a souvent posé la question où se situ mon bonheur dans les rapports charnels. En voila une de mes réponses :

 

Procurer un plaisir extrême et inoubliable à ceux que laisse pénétrer dans mon intimité.

Par isabelle183 - Publié dans : Mes récits
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Samedi 12 avril 6 12 /04 /Avr 23:05

J’ai rencontré A dans une conférence à Barcelone. L’orateur lui avait attribué la place du mort, donc à gauche de lui. Même un homme brillant est réduit au silence dans un cas pareil.  

 

Les maîtres de conférence sont souvent d’adeptes de Sunzi : briser la résistance de l’adversaire sans combat.

J’éprouve toujours une certaine curiosité envers les hommes de « gauche ». J’essaye de les cerner quand le sujet du jour n’est pas à mon goût. Cela me fait passer le temps.

 

Nos contacts visuels se sont bien déroulés et nous avons dîné ensemble le soir même. Deux étrangers à Barcelone qui ont envie de se distraire en bonne compagnie. L’aperçu de cet homme m’a paru intriguant. J’ai donc accepté une invitation d’A pour le dimanche prochain.

 

A est un amateur de montagne dans ses heures perdues.

Il me fixe le rendez-vous dans le café de la station du plateau de Beille.

 

Je n’ai pas voulu le contredire. Beaucoup d’hommes imaginent que je vive à la montagne parce que je suis proche de la nature. Ceci n’est vrai que dans les grandes lignes :

Je suis contemplative, sensible à la beauté d’un paysage sans vouloir m’impliquer physiquement. Je suis une petite fleur de ville et le contact avec les êtres humains me comble davantage que les espaces interminables. Dans ce sens j’essaye de me trouver une tenue et apparence pour orienter ce dimanche vers un but plus sensuel.

 

Je ne possède aucune paire de chaussures de randonné. Je me suis contentée de bonnes baskets pour la gym. Cela empêchera à coup sur le monsieur de m’embarquer sur des chemins trop épuisants.

 

J’ai une petite intuition sur la psychologie d’A. Je crois qu’il fait partie des hommes qui se délectent de compagnie de belles femmes attirantes, celles qui captent tous les regards. Je ne suis pas la pin-up que j’aimerais être, mais je comble mes lacunes par une féminité sans complexe et selon les dires de certains messieurs je possède beaucoup de charme.

 

Je choisie des sous-vêtements blancs en coton, brodés à l’anglaise, un petit chemisier à manches courtes, blanc également et surtout un petit short en jean avec beaucoup de dentelle qui met mes petites fesses en valeur.

 

Contrairement à mes habitudes je n’attache pas ma longue chevelure pour me donner un air plus jeune. Cela me change complètement. Il n’est pas évident de me reconnaître.

 

A m’attend au café. Je me flatte d’être ponctuelle. Je n’abuse jamais de ma position de femme pour excuser des retards.

 

« Vous êtes magnifique Isabelle ! Je vous préfère de loin en privée. »

 

Je suis assez vicieuse avec les hommes. C’est à eux de me proposer le sujet de conversation.

 

« Je suis étonné de vous. Je vous aurais cru féministe et intellectuelle jusqu’au bout. » 

 

« Rassurez vous mon cher A, je le suis, sans confondre féminisme et féminité. J’ai grandi auprès des vrais intellectuels autant du côté de mon papa que de ma maman. J’ai su adopter une position bien personnelle que je vis un peu trop librement au grand chagrin de mes géniteurs. Vous n’allez pas me croire : Il m’arrive fréquemment de choquer ceux qui ont vécu la révolution sexuelle et j’en suis fière. »

 

« A Barcelone vous m’avez parlé de certains fantaisies… »

 

« Ne soyez pas timide. Nous sommes des adultes tous les deux. Je n’ai pas honte de parler de mes fantasmes ni de les réaliser si le contexte me tente. »

 

« Vous êtes directe Isabelle. Vous ne cherchez pas le détour. Qu’est-ce qui vous attirez en particulier dans la fessée ? »

 

« Pour moi c’est un retour en enfance, à une époque où mon corps ne se prêtait pas encore aux rapports conventionnels. J’éprouvais des sensations voluptueuses en imaginant de passer sur les genoux de mon papa. Ne nous voilons pas la face : notre première identité sexuelle dans la vie n’est jamais réfléchie, mais toujours motivée par une attirance physique.»

 

« Avez-vous reçu la fessée quand vous étiez gamine ? »

 

« Jamais, sauf en jouant avec mes grands frères. Cependant, j’ai vu une fois mon papa donner une claque sonore sur les fesses de ma maman et de se ramasser une gifle et une bonne engueulade. Alors j’ai dû imaginer que le secret entre adultes tourne autour des tapes sur les fesses. Au moins les sensations de mon corps me dirigeaient dans cette direction.»

 

« La fessée vous obsède-t-elle pour que vous en parliez si facilement ? »

 

« Non ! Détrompez-vous. Pour moi la fessée est un élément de mon univers érotique parmi d’autres. »

 

« Pourquoi alors vous la mettez en avant avec moi ? »

 

« Parce que vous crevez d’envie de me fesser. J’ai vous ai observé pendant la réunion. Je n’ai fait que répéter vos propres arguments et j’ai su les imposer à mon profit. Personne ne s’est rendu compte. Vous étiez trop mal placé dans cet auditoire  pour faire le poids. »

 

« Vous êtes ignoble Isabelle ! »

 

« Uniquement dans la vie professionnelle. Vous n’avez pas la réputation d’un homme qui fait des cadeaux à ses collaboratrices. Moi, je défends l’égalité des chances. C’est mon côté féministe. »

 

Il est déstabilisé, voire un peu énervé. Je change ma voix et ma stratégie :

 

« Pourtant vous m’avez invité quand même…, malgré nos différence professionnelles »

 

« Vous méritez vraiment … »

 

« Dites-le ! Je suis d’accord avec vous. Je mérite une fessée ! »

 

« Ici, devant tout le monde ? »

 

« Auriez-vous le courage ? »

 

« Je vous en prie Isabelle. Comprenez-moi. Je n’ai pas envie de me compromettre en société. Fesser une femme en public comporte trop de risque de nos jours. »

 

« Justement, c’est parfait pour une bonne monté d’adrénaline !»

 

« Et si nous trouvions un terrain d’entente ? »

 

« Venez avec moi. Je vous promets de ne pas vous décevoir. »

 

Je suis familière avec le plateau de Beille. En sortant du café, il suffit de suivre le GR10 en direction de Luchon. À moins d’une demi heure se trouve un premier refuge.

Je ne vise pas cette cabane en pierre, mais un endroit parfait pour réaliser une fessée « demi public ».

 

Après dix minutes de route le chemin se sépare en deux. L’un longe un petit flanc de montagne, l’autre amène vers un sous-bois suivi par une végétation dense et discrète. Une multitude de coin idéal pour jouer au cache-cache.

 

Le dimanche quand il fait bon, les promeneurs ne manquent pas. Il n’y a pas foule, mais la fréquentation est bonne.

 

A reste toujours un peu derrière moi. Mon short semble le ravir. Il n’est pas avare de compliments. Au fil du chemin il commence à comprendre quel jeu je suis en train de préparer.

 

« Peut-être pourrions-nous passer inaperçu dans les arbustes Isabelle ? »

 

« Faites-moi confiance, nous sommes presque arrivés. Qu’en dites-vous ? »

 

« Charmant votre petite cachette Isabelle. »

 

« Dois-je enlever mon short et la culotte ? »

 

« Si cela ne vous parait pas abusif de ma part… »

 

Quelques minutes plus tard je me retrouve –mon derrière en l’air- sur les genoux d’un homme ému.

Ses gestes sont tendres. Il n’ose pas entrer en matière de suite. Pour l’instant il se contente de se familiariser avec le lieu du crime. Mes fesses font connaissance avec sa main et apprécient les caresses. J’ai une peau extrêmement sensible. Paradoxe pour une habituée des fessées.

 

Puis, A se lance. Une belle claque appliquée de main nue s’abat sur ma chair.  

Il a sous-estimé la résonance en montagne. Le bruit de la percussion est emporté par l’air pour se propager dans la vallée.

Il marque un temps d’arrêt.
 

« Continuez. Ne vous en faites pas pour le bruit. ! J’adore l’ambiguïté de la situation. »

 

Il semble motivé. Les claques se succèdent ; des bonnes claques bien fermes de la part d’un homme vexé qui saisit sa revanche sur moi.

 

Je sens qu’il prend plaisir à cet acte. J’essaye de remuer d’une manière provocante pour stimuler son ardeur. Ce matin à la montagne dénote par sa sonorité particulière. L’écho réveille et intrigue sûrement les promeneurs. J’espère de ne pas attirer trop tôt des chevaliers galants ou des instincts de protecteur pour secourir un être en détresse.

Je suis sensible aux hommes qui portent secours aux femmes, mais pas dans toutes les circonstances.

 

Mes fesses et le haut de mes cuisses ressemblent bientôt au rhododendron sauvage qui fleurit en cette saison. Comme ses pétales moi aussi je m’ouvre sous le soleil pour exposer mes parties intimes à ses rayons.

 

Subitement, c’est la fin de la fessée. Il n’y aura pas de suite érotique. Des voix s’approchent de nous.

A ne se sent pas vraiment à son aise. Il me presse de me rhabiller. 

Mon short est trop court pour cacher tous les dégâts.

 

Puis, des randonneurs arrivent, des bons gars de la montagne avec le sens de l’humour qui saisissent le comique de la situation. Leurs rires sont francs comme l’expression de leurs visages. Avec eux, je me sens en confiance. Il n’y pas de risque que la situation dégénère.

 

« Besoin d’un coups de main, la petite dame ? »

 

Je me retourne, fléchie un peu mes genoux et cambre mon dos pour exposer le résultat sur mes cuisses.

 

« Merci de votre attention. Une autre fois peut-être ! Pour aujourd’hui j’ai déjà eu mon compte »

 

 

 
 
Par isabelle183 - Publié dans : Mes récits
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Vendredi 11 avril 5 11 /04 /Avr 12:05

« Te sens-tu de relever ce défi, ma chérie ? »

 

« Ce n’est pas ma première fessée devant un public choisi. »

 

« Certes, mais les D vont loin dans la sophistication. Lui c’est un bonhomme un peu vicieux, le début de la soixantaine, bien portant, jovial et bon vivant. Il aimerait sûrement profiter de l’occasion pour te tripoter. Qu’en di-tu Isabelle ? Je ne voudrais pas t’imposer ce que tu ne désires pas… »

 

« Je te connais trop bien. Tu es tellement fier d’avoir dompté ta petite Isabelle et tu voudrais que tout le monde le sache.

 

Alors tu prends un malin plaisir à me montrer aux autres, un peu comme un bijou exotique ou un objet précieux, ton jardin secret et ta cours de récréation en même temps. Ce qui te plaît surtout en moi c’est le fait que je sois parfaitement fidèle envers toi, dans mes actes et sentiments et que je ne céderais à aucun autre homme.

 

Au fonds, tu es excité à l’idée qu’un autre pourrait s’échauffer sur moi, me faire les plus belles déclarations et promesses et que je le renvoie poliment et ferment à ma manière personnelle. Mais sache que ce jeu me trouble aussi. Si ta jalousie te permet de voir la main d’un autre sur ma peau, alors je suis d’accord. »

 

«Hum… Très bien, mais juste une dernière chose. Méfis-toi de sa femme. Elle est redoutable. C’est quelqu’un qui a tendance à pousser loin dans l’humiliation verbale et tu ne serais pas la première à fondre en larmes devant elle. »

 

« Un peu de confiance en moi E. Je suis une éternelle angoissée, je te l’accorde, mais j’ai des pieds bien sur terre. Je demande à voir une femme ou un homme, peu importe, qui arrive à me déstabiliser que je fonde en larmes. Elles n’appartiennent qu’à toi, tout comme mon corps et mes sentiments. »

 

 

Je trouve beaucoup de charme à Monsieur D, qui prend le temps à me dévisager de la tête aux pieds. Ses yeux me révèlent un homme doux, gentil et paternel. Parfois il doit culpabiliser sur ses envies de fesser les jeunes femmes. Parfois il doit être désespéré aussi. Malgré toute sa culture, son savoir unique et ses expériences multiples, accumulées au fil d’une vie mouvementée, il n’est pas content de lui-même. Il redoute les moments de solitude où ses troubles le submergent, l’emportant sans qu’il puisse résister dans un torrent d’émotions inavouables, sans gilet de secours.

 

Mais la tentation est plus forte et la « critique de la raison pure » n’est pas moyen universel pour calmer les pulsions brutes qui caractérisent chaque être humain. Le désir est comme un ordinateur utilisant le langage binaire : cela m’excite ou cela ne m’excite pas. Il s’en moque éperdument de la morale en vigueur ou de notre morale personnelle. Il ne vit que pour la satisfaction des sens : ecce homo.

 

Ma tenue semble lui convenir. Bien sûr, il n’en sait encore rien de mes sous-vêtements. J’ai choisi un coordonné blanc tout en douceur : un petit corset à l’ancienne qui me permet de tricher sur le volume de mes seins et sur la finesse de ma taille ; des dim-up (qui ne sont en fait pas de dim-up et viennent d’une autre marque) et une jolie culotte en coton, brodée selon la mode de calais. Par-dessus je suis restée bien sage : une petite jupe grise, plissée, un chemisier blanc et des babies chinoises pour méditation.

 

Mes cheveux sont soigneusement attachés avec des barrettes en nacre. Je n’ai pas poussé le vice jusqu’à me tresser des nattes de fillette. Moi aussi j’ai des limites : j’aime les mises en situation, sans toutefois oublier que je suis une femme adulte et non pas une écolière. Alors j’ai utilisé aussi un léger maquillage.

 
Enfin D s’exprime :
 

« Voici donc enfin la fameuse Isabelle. Tu es encore plus jolie en nature que sur les tableaux. »

 

« Merci, mais j’insiste auprès d’E pour modifier mon visage. Je n’ai pas envie de vivre mon quart d’heure de gloire au travers d’une toile. Je tiens à ma vie privée et ma tranquillité. »

 

Puis intervient Madame, N pour les intimes :

 

« Je t’aurais imaginée plus grande. Tu fais vraiment petite poupée. »

 

« Vous savez N, ce sont les talons hauts qui faussent l’impression. Je ne peux rien pour ma taille. Je suis petite et je dois m’en accommoder. »

 

Que dire de cette femme. Le premier aperçu est déplaisant. Nous semblons venir de deux univers différents. Pour elle, sa féminité est source d’un combat intérieur et cela se reflète sur son visage et dans son allure. Pourtant elle est assez jolie à la base. Sa coupe de cheveux à la garçonne, tirée en arrière par un gel coiffant lui donne un air d’antan et lui va bien.

Par la couleur blonde nacrée les années vingt se dessinent devant moi. Les sourcils sont épilés et remplacés par un trait de crayon. Je n’aime pas trop cela, mais les goûts et les couleurs, cela ne se discute pas, aussi peu que l’impression d’une sévérité ostensible.

 

« J’ai l’habitude de filles de ton genre. Cela se greffe sur le premier portefeuille venu en espérant de passer des jours tranquilles. Mis à part tes charmes physiques, possèdes-tu encore d’autres qualifications ? Ne serais-tu pas un peu sotte sur les bords ? »

 
 

E intervient. Serait-il en train de perde son calme habituel ?

 

« Je t’en prie ! Isabelle n’est pas  ’’bête’’. Elle a fait des études universitaires calées. »

 

Mon compagnon chéri est parfois trop impulsif quand on touche à ma petite personne. Rassurant de le savoir mais parfaitement inutile. Je sais me défendre toute seule comme il faut. Là, je ne réagis pas parce que je suis encore en période d’observation.

 

Le jeu ne fait que commencer.

 

Nous possédons un attirail de gestes pour communiquer en société sans que personne ne s’en aperçoive. Un petit geste, à peine perceptible et il se tait sans échapper à la réponse de N qui me semblait un peu prévisible. (« Mon pauvre chéri tu es un homme adorable, mais de grâce tais toi quand deux femmes se taquinent… »)

 

« Mon cher E, il a deux sortes de filles à la fac : celles qui veulent apprendre un métier et celles qui cherchent un mari illustre. Isabelle doit plutôt appartenir à la deuxième catégorie comme les circonstances le prouvent. 

Néanmoins je vous félicite de votre élève. Vous avez la réputation d’un home de goût. Isabelle me paraît tellement exquise, tellement loin de la condition des humbles mortels. Voila une petite demoiselle qui ne se rend sûrement jamais aux toilettes et ne doit sentir jamais mauvais. Corrigez-moi, si je me trompe… »

 

Avant que les hommes ne puissent sortir une autre bêtise pour se fassent bouffer tout crûs par N, je décide d’intervenir.

 

« Tu te trompes N : je fais pipi et caca comme tout le monde ! »

 

La « subtilité » de ma réponse se trouve dans l’intonation de ma voix qui est crédible et assortie à ma tenue. Mais nos hommes eux, sont consternés, voire gênés.

 

 

 

Un petit regard complice entre deux femmes. Le courrant passe. Subitement je trouve plein de qualités à N : Comme moi, elle considère les hommes parfois comme des grands garçons, si indispensable et indissociable à notre bonheur de femme. Ils veulent jouer avec nous … mais prennent le jeu trop au sérieux.

 

Pour mériter une fessée il faut d’abord chauffer la salle.

 

N et moi nous nous détendons par un fou rire qui consterne encore plus. Il est grand temps de passer à table.

 

E ne parle que de moi, comme d’habitude.

 

« Isabelle est une jeune femme très sérieuse et bien élevée. En six mois de vie commune, je ne l’ai jamais entendu jurer. Elle n’utilise pas de gros mots. »

 

« Vous prétendez alors qu’elle serait docile et souriante en permanence ? Pas de caprices, pas de petites colères ? Une jeune femme modèle en quelque sorte…»

 

« Si ! Les caprices ne lui manquent pas et il se passe rarement une journée où elle ne pique pas sa crise. »

 

« Hmmm…Alors comment faites-vous pour garder le calme à la maison ? »

 

« Isabelle est éduquée à l’anglaise. Cela lui convient à la merveille. Elle fait des progrès spectaculaires… »

 

N intervient dans la discussion des hommes. Heureusement, elle ne joue pas l’ingénue en posant une question du style : « c’est quoi, l’éducation anglaise ? » J’ai horreur de ce genre de comportement. Oser appeler un chat un chat.

 

«… Et vous passez sous silence son impertinence avérée de tout à l’heure ? »

 
 
 

« Pas du tout. J’attendais le moment du digestif pour rappeler Isabelle à l’ordre. Elle vous fera des excuses N, puis sera punie à l’hauteur de son intrépidité : martinet, canne, cravache, paddle… À vous Madame le choix de l’arme, c’est vous qui fûtes offensée.  »

 

« N’en faites pas autant. Pour vexer une si fière jeune femme, il n’y a rien de mieux que la main de son tuteur dans une telle situation. Malgré ses apparences angéliques, je suis convaincue que sa résistance à la douleur soit considérable, à l’énoncé des instruments que vous proposez. Ne lui donnez pas la satisfaction de se moquer de nous : elle serait capable d’endurer les coups avec le sourire.

 

 Punissez-la tout simplement sans artifices, claquez sèchement ses globes avec vos mains. Faites-lui comprendre que les instruments se méritent, qu’elle se surpasse dans ses bêtises. Elle n’est plus une gamine, mais une adulte consentante. Respectez et attisez la femme en elle. Vous y gagnerez largement en sensations. Le plaisir qu’elle vous offrira n’en sera que plus intense. Parce que dans votre couple - avec tout le respect que je vous dois - la partie immature, c’est vous E. Par son comportement et sa docilité exagérée, votre Isabelle vous signale d’une manière poignante qu’elle éprouve du plaisir autrement que les autres. Ne définissez pas une jeune femme par ce seul acte qu’est la fessée. Votre démarche envers elle serait forcement artificiel et vous obligerait à laisser dans l’ombre tout le reste de sa personnalité.

 

Je sais que vous l’aimez et que votre couple ne date que de quelques mois. Elle n’est pas votre jouet, mais votre compagne.»

 

Je suis conquise par N. Elle a dû passer dans sa jeunesse par les mêmes chemins obscurs que moi. La recherche d’une identité sexuelle dure toute la vie. Il est rassurant d’entendre une femme, de trente ans mon aînée, de prononcer un tel discours.

 

E est bon joueur. Il ne prétend pas de détenir l’ultime vérité. Cette fessée verbale de la part de cette femme ne le blesse pas dans son amour propre, ni dans sa virilité. C’est un homme évolutif qui a horreurs des gens qui essayent de le flatter en disant qu’il a les idées bien en place.

 

« Zut alors ! et ma fessée ? »

 
D vient à mon secours.
 

« N, tu ne saurais jamais à quel moment il convient de se taire, mauvaise langue. Tu as décidément le chic pour gâcher la soirée à tout le monde. Alors, crois-moi, il n’y aura pas qu’Isabelle qui nous fera l’honneur ce soir de dévoiler son fessier. Baisse ton pantalon et ta culotte et viens sur mes genoux. J’ai un mot à te dire. Maintenant !»

 
 

 Là, c’est moi qui suis troublée et pour du bon. Pour une fois je ne suis le pas centre de l’univers et je ne le regrette pas. Je n’ai jamais vu ou même imaginé une telle situation. Une femme de la mi-cinquantaine, plutôt connue dans un certain milieu littéraire pour sa plume d’acier, non complaisante et indomptée, et qui se plie sur les genoux d’un mari autoritaire pour se faire rappeler à l’ordre. Le pantalons en lin gris de son tailleur glisse le long des ses jambes et se réduit à presque rien autour de ses chevilles. N est encore très jolie pour son âge et j’admire la finesse de ses jambes. La peur de vieillir s’estompes en moi, au moins pour cette soirée.

 


N fléchit ses genoux et se déculotte devant nous. Elle est de la génération de ma maman et ne se plie pas à la dictature de la génération porno qui est la mienne. Je comprends mieux pourquoi je m’épile depuis mon adolescence. Le monde moderne ne fait pas de cadeau.

Hendrix, Morrison et Joplin sont partis à des ages canoniques de plus de vingt cinq ans. Pour être dans le coup aujourd’hui il faudrait partir bien avant la vingtaine. Il ne me manque qu’un mois pour arriver à vingt-cinq ans et suis encore vivante. Quelle honte !

 

N s’allonge sur les genoux de son époux qui n’hésite pas à lancer des clins d’œil complices à E. Je trouve que D avec son ventre proéminent et son visage un peu rougi par une consommation de bière sans modération ressemble beaucoup à Emil Jannings, le professeur Unrath (déchet, ordure en allemand), du célèbre l’Ange Bleu qui entame sa déchéance en rencontrant Marlene Dietrich. Ca y est, je sais à qui N me fait penser : C’est elle l’Ange Bleu… avec quelques années en plus.

 

Le « professeur Unrath » débute sa bonne action contre la débauche. L’Ange Bleu sera converti à la discipline stricte qui caractérise mon peuple dans les caricatures.

 

Mais ici la caricature est involontaire. La punition de N se passe selon un rituel rigide et rodée au fil d’innombrables années. Selon la sonorité des claques appliquées, elle doit être rudement douloureuse. Herr professeur Unrath ne plaisante pas.

 

Il n’y a que moi qui cerne le grotesque de l’instant présent. Ah, ces allemands, je suis réconciliée avec mon peuple. Décidemment la fessée est un langage universel qui rapproche hommes et femmes, grands et petits esprits.

 

La fausse Marlene encaisse dignement cette correction de son comportement inadmissible. Dommage que la tenue du film ne soit pas à l’ordre du jour.

 

Les fesses des fessées parlent un langage universel. Elles s’expriment envers le fesseur par leur couleur et envers de elles-mêmes par une intense émotion et une vive perception. La douleur sert à signaler une menace du corps au cerveau. Mais dans ce jeu la menace se transforme pour certaines femmes comme N et moi en trouble érotique. Il n’y a pas de quoi à fouetter un chat selon mon bilan personnel. J’aime la fessée sans me culpabiliser pour autant. Peut-être suis-je vraiment un peu bêtasse.

 

Le professeur Unrath est un fesseur systématique ; pas la moindre petite fantaisie. N avec son discours a-t-elle voulu m’épargner un tel destin ? J’ai un peu de difficulté à imaginer ses deux-là à prendre du bon temps au lit. Le professeur se sert-il de son machin comme il se sert de sa main ? Solidement, fermement avec le sens du devoir. Je m’en fous. Je ne m’intéresse pas ce qui se passe dans la chambre des autres.

 

Je réalise que je suis en train d’assister à ma première fessée en public. J’ai souvent fantasmé sur une telle situation. Je suis un peu déçue par la réalité. Le fantasme réserve souvent plus de piquant quand on l’imagine irréalisable.

 

« Zut alors ! et ma fessée ? »

 

« Silence Isabelle ! Chacune son tour. Tu es la prochaine sur la liste. »

 

« Patience jeune Mademoiselle » me lance Monsieur le professeur. « Tais-toi, observe et prend bonne note de ce qui arrive aux femmes qui ont le verbe haut. »

 
J’ai envie de rire.
 

D finit son œuvre par une fantaisie sonore qui me rappelle Moussorgski et ses « Tableaux d’une exposition. »

 

A ma grande surprise N se voit condamnée à rejoindre un coin de la pièce. Sa démarche n’est pas celle d’une impératrice, car son pantalon autours de ses chevilles et sa culotte juste en dessous de ses genoux se révèlent simplement gênants. Mais sa dignité de femme n’est pas brisée pour autant. Demain j’aurais largement l’occasion de parler avec elle pour mieux comprendre ses motivations. Je suis sous son charme, son énigme me fascine.

 

N est habituée à ce genre d’exercices et s’agenouille au coin, les mains repliées derrière sa tête. J’aimerais bien savoir ce qu’elle pense en ce moment. Serait-elle aussi futile que moi à réfléchir dans un instant pareil à la crème de beauté qu’elle essayera dans une journée proche. Là, je me sens un peu coupable envers E surtout quand il me pose la question inévitable, classique chez l’homme :

 

« A quoi penses-tu, ma chérie ? »

 

Pour une seule fois je veux répondre :

 

Derrière chaque grand homme se trouve une grande femme qui lui permets de réaliser ses ambitions dans ce vaste monde en s’effaçant à la maison par amour.

 

Réveillez- vous un peu les mecs ! Le mot « merci » existe.

 
 

 

Par isabelle183 - Publié dans : Mes récits
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Jeudi 10 avril 4 10 /04 /Avr 00:56

Un petit manoir perdu à la campagne qui fait bar et hôtel restaurant en même temps. C’est dans ce cadre idyllique que vais vivre dans quelques heures une fessée en public. Pour l’instant, je suis loin de m’en douter.

 

Nous sommes hors saison, en semaine et à part E et moi, il n’y a que deux autres couples présents sur le lieu ; des anglais comme par hasard. Il n’est pas nécessaire qu’ils ouvrent leurs bouches pour reconnaître leur nationalité. La blancheur de la peau des femmes et pour les visages d’hommes, la couleur rouge écrevisse sur fond porcelaine, dû à un excès de soleil, distrait le doute.

 

Le patron de l’hôtel nous accueille avec beaucoup de gentillesse. Il s’agit d’un homme qui fait honneur à la région par son accent et sa moustache. Il est bien portant et semble aimer les bon repas copieux. Le premier contact se passe bien. Nous le félicitons pour le cadre exceptionnel. Il se sent flatté et cela se voit sur son visage. 

 

« Cet établissement à beaucoup de style, n’est-ce pas Isabelle ? Ici, les bonnes manières sont à l’ordre du jour.

J’espère que tu ne dénoteras par tes excentricités. Nous sommes en Dordogne où la tradition se perpétue encore. »

 

Puis E s’adresse au patron qui suit la conversation d’un bon œil.

 

« Excusez-moi Monsieur, je suis un peu vieux jeu. Vous connaissez certainement les jeunes femmes avec leurs éternels caprices. Je préfère prévenir que guérir. »

 

« Il n’y a aucun mal à cela Monsieur. Considérez–vous comme chez des amis. »

 

Mon regard glisse de côté du patron vers le fond de la pièce de réception où se trouve un petit comptoir et derrière celui-ci une femme. Vu l’âge, c’est l’épouse qui prend, sans aucun doute, la distribution des rôles au sérieux. Son mari s’occupe de mondanité, tandis qu’elle veille sur la caisse. Un comportement que j’ai souvent observé chez des couples de commerçants.

Le mari reçoit les louanges et en cas de réclamation la fidèle épouse mets les mécontents hors état de nuire. J’adore les couples complices, peu importe leur philosophie de vie.

 

Notre petite suite me comble par ses éléments de décoration. Je me prends en affection pour un canapé Oxford en vert anglais au coin salon. J’ai des goûts très classiques qui ont tendance de s’étendre vers le kitsch ; au grand désespoir d’E. Il me trouve : « cucul la praline » comme il me dit souvent affectueusement.

 

À nos débuts, quand j’ai découvert son appartement de ville, j’ai pris un peu peur et des mots de Rilke se sont imposés à mon esprit : 

 

« La première fois que j’allais chez Rodin, j’ai compris que sa maison n’était rien pour lui sinon une pauvre nécessité. C’est en soi qu’il trouvait un foyer : ombre, refuge et paix. »

 

À ce moment je n’avais qu’une seule pensée :

 

« Pour quoi aurait-il besoin d’une femme ? »

 

Et aussitôt je trouvai la solution :

 

« Pour faire le grand ménage dans sa vie de garçon. »

 

Plus tard, beaucoup plus tard (je me suis encore éparpillée dans la salle de bain avec sa magnifique baignoire) nous passons au souper. Je n’aime pas qu’il mange les plats des autres. Je me fais un point d’honneur de le surprendre par mes créations même en semaine. Mon homme est mon plus grand loisir.

 

Pour lui faire plaisir je me suis achetée un jean. Je me suis refusée pendant des longues années à me vêtir de ce genre de choses. Le jean, à ses débuts, était la tenue des prisonniers aux Etats-Unis. Je suis très « mode » en gardant toujours un sens critique. Cependant, la mode ne sert-elle pas aussi à se mettre en valeur pour ce que l’on appelle « l’Autre » ?

 

E me récompense avec un compliment sur ma tenue (jean, chemisier blanc et escarpins à petit talons) avant de me catapulter une petite pique :

 

« Je ne comprends pas pour quoi tu attaches en permanence tes longs cheveux. Tu devrais les porter ouverts plus souvent. En fait, ils te servent à quoi ?

À les brosser et soigner pendant au minimum – et je pèse mes mots – pendant un quart d’heure par jours ?

Et tout cela pour ne jamais les montrer, même pas à moi. »

 

« Il suffit de demander. Excuse-moi, je reviens dans cinq minutes, le temps de me coiffer. »

 

« Cinq minutes Isabelle et ne pas une de plus. »

 

Tiens, tiens ! Serait-ce qu’une reproche ?

 

Quand il monte le ton, je sais me dépêcher. Il a trouvé là une façon convaincante de me faire comprendre quand je l’agace.

 

 

 

« Voila ce qui est sage. L’éducation anglaise semble te réussir ma chérie. Tu t’embellis de jour en jour.»

 

« J’ai le meilleur tuteur du monde. »

 

Je me sens en confiance avec E. Je me laisse aller :

 

« Il m’arrive souvent de me poser des questions bêtes qui restent souvent sans réponse dont une qui me préoccupe particulièrement. Elle est en rapport avec la fessée.

Tu n’es pas le premier homme qui m’en a donné. Je semble plus évoquer une envie irrésistible chez certains messieurs de m’allonger sur leurs genoux au lieu de me considérer en femme. Tu comprends ce que je veux dire … ? » 

 

« Ne joue pas la sainte nitouche avec moi. Souvent – on dirait – que tu le fais express. Ton comportement n’est que provocant quand tu ne cours pas le moindre risque. Tu sais parfaitement évaluer une situation. »

 

« Je l’admets, mais ceci n’est pas encore le véritable énigme qui se pose à moi.

 

Il m’est arrivé de provoquer une fessée par un homme avant de te rencontrer. Tu sais bien que cela me donne envie de faire l’amour. Le rapport s’est bien passé.

 

Mais dès que mon cavalier avait joui, il a changé de personnage, un peu comme Opal ou Dr Jekyl et Mr Hyde.

 

Il ne m’a plus regardé dans les yeux. Il s’est habillé et il est parti. Sans me dire un mot. J’ai essayé pendant quelques jours de le joindre par téléphone. Contrairement à ses habitudes, je suis tombée sur le répondeur.

 

Il a mit plusieurs semaines avant de se manifester en s’excusant.

 

Tu me connais bien. Je ne couche avec personne sans avoir des sentiments. Cet homme comptait beaucoup pour moi. Je l’aimait et croyait qu’il m’aimait aussi.

Pourtant, avant cet incident, il m’avait fait comprendre sans ambiguïté qu’il aimerait me passer sur ses genoux pour une fessée. J’ai voulu faciliter les choses et j’ai pris un peu l’initiative.

 

Tout ça pour nous faire plaisir à tout les deux, sans mauvaise arrière pensée. »

 

« Rassure-toi Isabelle. Je te trouve très saine. Les mauvaises arrières pensées ne te correspondent pas. Tu es trop naïve pour ça.

 
Continu ton histoire. »
 

« Tu peux imaginer dans quel état je me suis retrouvée.

J’étais encore plus angoissée que d’habitude. J’ai essayé de comprendre. Je me suis posée des questions sur moi. 

Je me suis sentie sale pour la première fois de ma vie. J’ai des copines qui m’ont souvent parlé de ce sentiment. Je me suis toujours moquée d’elles.

 

J’avais l’impression que cet homme m’avait dégradée en une chair fessable et –excuse moi le terme- baisable.

Là où je ne voyais que beauté et harmonie entre deux corps, âmes et esprits s’est installé un affreux doute, comme si mon amant me tenait pour responsable d’un pêché auquel je l’avais incité.

 

Pour moi, la fessée est un jeu érotique comme un autre, sans que j’en associe la moindre notion morale.

 

Penses-tu qu’il y a beaucoup d’hommes fesseurs qui se comportent d’une telle manière avec une femme qui leur offre sa confiance ?

 

« Je suis un homme et je sais qu’il est parfois difficile d’accepter ses propres fantasmes. Il faut souvent de l’expérience pour maîtriser ce genre de situation.

 

Tu as grandi sans Dieu, ni maître Isabelle. Cela est bien rare. Réjouie-toi de ta belle enfance. Tu as eu une chance inouïe avec tes parents et leur milieu.

 

On t’a laissé en libre arbitre définir et choisir ta sexualité. »

 

« Tu n’a pas répondu à ma question ! Y a-t-il beaucoup d’hommes qui se servent d’une femme pour réaliser leur fantasme et – une fois satisfait – lui tournent le dos pour exprimer leur mépris ? Explique moi un peu ce qui passe dans leur tête. Je voudrais savoir.»

 

E s’approche de moi et me parle doucement dans mon oreille. La réponse n’est destinée qu’à moi et par conséquence je ne la révélerai pas en public.

Mais désormais je saurai faire le bon choix. Il y des signes qui ne trompent pas.

 

Pour « récompenser » E de m’avoir fait partager un truc de garçons je lui fais une belle scène. Il adore de me fesser en public.

 

Je lève un peu moi voix. Je suis si insolente et odieuse que les autres gens dans salle se retournent vers moi.

 

Ma sortie de salle est insolite et ne manque pas d’effet.

 

E n’est pas une marionnette se laissant manipuler par moi. C’est un homme qui ne cède pas à mes caprices et chantages. Mes petits jeux l’amusent souvent, mais il ne les attribue pas au grand mystère de la femme. Selon lui ce sont simplement des manifestations du narcissisme d’une sale gamine, trop gâtée pendant son enfance. 

 

Il me rattrape au bras et me retient fermement sous les yeux de tout le monde.

 

Il reste imperturbable en me parlant à haute voix :

 

« Cela ne se passera pas comme ça ma chérie. Tu as dépassé les bornes avec intention pour te rendre intéressante. Je ne supporte pas cette arrogance et ce mépris que tu affiches à mon égard. Tu oses me défier parce que tu te crois-tu en lieu sûr pour échapper à ta punition. Tu voulais du spectacle ? Tu vas en avoir. »

 

Il me penche sur son genou et m’applique une fessée de premier ordre au travers de mon jean, sous le regard d’un public qui approuve visiblement ses méthodes.

 

Le patron avec un regard malicieux n’intervient pas et nous laisse faire.

 

Puis, E s’arrête en me disant sèchement :

 

« Voila un avant goût, jeune dame. Maintenant nous allons monter dans notre chambre pour finir le travail comme à la maison. Sur toi, la fessée n’est qu’efficace quand tu es déculottée préalablement. Je vais te montrer qui porte le pantalon dans notre couple. »

 

Il se tourne vers la salle :

 

« Messieurs, Mesdames veuillez excuser ce petit incident. Il est bien dur de nos jours de se faire respecter par la jeunesse. »

 

Un vieux Monsieur anglais, les yeux sortant de leurs orbites se laisse aller à un petit mot:

 

« Oh shit ! French education !»

 
Mon regard survole la salle.
 

J’ai envie de tirer la langue aux curieux. Finalement je ne le fais point, je suis trop bien élevée. …et on ne sait jamais quelle serait la réaction de mon compagnon. J’adore le taquiner. Parfois j’ai poussé loin, surtout au début de notre relation, pour le tester. Depuis, je me suis fixée des limites que je ne dépasse plus : Serait-ce le résultat de l’éducation anglaise  qui commence à se faire ressentir sur moi ?

 
 
 

La fessée qui s’ensuit dans la chambre ne se peut pas érotique. Mon jeans tient étroitement mes chevilles et ma culotte épouse le creux de mes genoux.

Je ne sais pas où E veut en venir. Je juge le moment inopportun des lui poser la question. Je souffre en silence en écoutant l’écho d’un contact intense entre deux épidermes.

 

C’est l’heure de la récréation. J’ai la peau dure et mon compagnon en tient compte. Heureusement, il n’a pas d’instrument de discipline à sa portée. Pour leur choix j’avais mon mot à dire. E n’est pas un homme cruel, autoritaire ou despotique qui essaye de m’imposer ses goûts dans nos pratiques. Les miens passent toujours avant les siens. Il en met un point d’honneur de respecter scrupuleusement mes désirs.

 

Sa tactique me comble. J’essaye souvent de deviner ses petits secrets en les passant après pour mes propres désirs. Il en est conscient et me ravie par une attention sans relâche qui s’étale aussi sur son travail. Je suis devenue son modèle favori.

 

Je suis une femme extrêmement curieuse. La tentation de fouiller dans les affaires ou sur l’ordinateur d’E ne me manque pas. Malgré cette envie brûlante je suis une personne digne de confiance. Je ne me permettrais jamais de me laisser aller à ce genre de trahison. Je sais maîtriser ma curiosité quand il le faut. Pourtant E ne m’a jamais interdit quoique ce soit à ce sujet depuis le début de notre vie commune. Il trouve les cachotteries ridicules.

 

Pour moi c’est différent. Me trop introduire dans l’intimité d’un être humain me parait un peu comme une forme de viol cérébral.

 

Je sens qu’E ne reste pas insensible aux charmes de mon popotin qui gigote et balance devant ses yeux. Il aime beaucoup quand je frétille comme une jeunette sous sa main. Notre différence d’âge ne m’embarrasse nullement. J’ai un faible pour les hommes murs. Pour être entièrement heureuse, j’ai besoin parfois de me sentir petite.

 

L’excitation envahit le corps de mon compagnon. Cela lui arrive tout le temps quand il me fesse sur ses genoux.

C’est plus fort que lui. L’action de me punir dans cette position le dépasse. Il y prend trop de plaisir. Je suis ravie pour lui. …et pour moi aussi car cette fessée ne sera pas purement punitive. J’ai trop envie, moi aussi.

Quelle belle réussite notre séjour dans cet hôtel.

 

Je pense à la salle en bas. Malgré les murs épais les chocs qui heurtent ma peau devraient s’entendre en sourdine et les gens sont peut-être en train de songer :

 

« Que est-ce qu’elle prend cette petite pour son impertinence ? Ca doit faire atrocement mal une aussi longue correction. Cela me rappelle… »

 

…Et chacun se perds dans souvenirs, peu importe s’il pratique la fessée ou pas. C’est un sujet qui ne laisse personne indifférent.

 

« Pour quoi cette jolie jeune femme reste avec un monsieur du double de son âge qui la traite en gamine devant tout le monde ?

 

Elle ne doit certainement pas avoir la vie facile avec un homme aussi sévère.

 

Ne serait-elle pas un brin pervers ? Une allumeuse vicieuse qui ne recule devant rien pour troubler les hommes ?

 

Cela ne se fait pas de fesser une femme. C’est homme est un ignoble macho.

 

Cela ne se fait pas, d’accord. Mais elle l’a vraiment cherchée par son comportement. Il faut se mettre à la place de cet homme. On ne peut pas lui donner tort sur toute la ligne.

 

L’interdiction de la fessée est plus qu’une simple convention morale, c’est une affaire de loi.

 

S’il sont heureux tous les deux comme cela, pour quoi pas. Ils ne font rien de mal. Chacun son truc. »

 

 

 


Ai-je un remord pour mon geste ? Voudrais-je me cacher au fond d’un trou par peur de sortir de chambre pour passer devant les témoins de mon acte ? Suis-je en train de songer comment quitter cet hôtel au plus vite, sans être aperçue ?

 

Difficile à répondre à cette question. Je ne suis pas tout à fait indifférente à l’opinion que portent ces gens sur moi. Mais je n’en fais pas non plus un fromage. Je me sens parfaitement capable de descendre plus tard pour boire un petit coca avec une rondelle de citron et un seul glaçon. Avec une paille flexible s’il vous plaît. Sinon je n’en veux pas.

 

Je ne descendrais pas seule. La fessée en public est un jeu excitant quand on peut choisir les spectateurs.

Devant un public inconnu cela relève de l’inconscience. Les émotions déchaînées sont si puissantes chez certain gens qui n’osent pas s’avouer ou vivre ce fantasme que leurs réactions peuvent devenir imprévisibles. Il vaudrait mieux alors que je me cache derrière mon homme et me fasse toute petite. Ma pudeur n’y est pour rien. J’ai la trouille qu’on m’agresse.

 

E a arrêté ma punition et me passe de la pommade sur mes fesses enflammées. Il est aussi bon masseur que fesseur. Je suis sensible quand on me passe de la pommade, peu importe l’endroit de mon corps. Fallait s’en douter. Ma jouissance est souvent de nature purement passive. Je suis la poupée et un garçon s’occupe de moi. Je le laisse faire et pousse des petits soupirs pour l’encourager.

 

E me prouve après un acte amoureux en douceur qu’il n’appartient pas aux hommes qui renient la fille quand ils ont obtenus satisfaction. Je suis heureuse. Il m’a revalorisé dans ma féminité.

 

Plus tard nous descendons au bar. Personne n’est allé se coucher malgré l’heure tardive. Des nombreuses bouteilles de champagne témoignent d’une soirée mouvementée. Le patron est radieux et ravi de nous revoir. Il nous offre même un digestif. Les anglais se comportent d’une manière irréprochable. Ce ne sont pas des hooligans, mais des gens bien élevés.

 

Il m’est difficile de rester tranquille sans gigoter sur mon tabouret. J’ai trop mal aux fesses. Je trémousse et me tortille au grand amusement des anglais. Avec ma longue chevelure ouverte je ressemble du dos plus à une jeune fille qu’à la jeune femme que je suis.

 

Même la pommade n’a pas pu calmer ma peau. J’ai mis le feu à la baraque, E a mis le feu sur mes fesses. Dans ce sens le monde tourne bien.

 

E me contemple avec ce regard qui signale qu’il est en train d’imaginer un nouveau tableau dont je serai le modèle.

 

Puis il revient de loin et me lance avec un grand sourire :

 

« On dirait que tu as envie de faire pipi, Isabelle. »

 

Je hoche ma tête pour approuver. Il m’a tellement ensorcelée que je perde la notion des fonctions basiques de mon corps. Un retour enfance réussie.

 

Docilement je me lève pour aller au petit coin pour filles.

 

Mon derrière est tourné vers la salle. Ma démarche exprime clairement une douleur soutenue et je pense :

 

« Ils sont tous en train d’imaginer la couleur de mes fesses. »

 
Par isabelle183 - Publié dans : Mes récits
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Jeudi 3 avril 4 03 /04 /Avr 23:18

Tu les verras plus,

les poils de mon c…,

j’en ai fais des brosses

 

J’aime beaucoup cette petite chanson rigolote…

Par contre ce que je n’aime pas ce sont les poils qui se cachent sous le boxer de mon homme. A ce niveau il ne connaît pas trop le terme égalité. Pour lui chez les filles c’est filles beurk, chez lui on ne se pose pas la question.

J’ai trop envie de déclarer la guerre à ses poils depuis longtemps. En découvrant qu’il existe des hommes qui cèdent à l’épilation avec plaisir, je me suis enfin lancée. L’empire contre-attaque…

 

Samedi soir les poils de monsieur vont vivre leur dernière heure.

 

Pour lui décider ce n’était pas gagné d’avance. Il n’aime pas trop quand je suis trop directe pour ce genre de question. Il préfère que j’applique la méthode romantique. C’est un petit jeu entre nous, notre forme de complicité. J’ai donc employé une petite mise en scène pour arriver à mes fins. Il n’est pas dupe, mais bon joueur.

 

Il y a un truc qui me met en rage quand j’y vais aux toilettes. Que monsieur n’abaisse pas le couvercle, ce n’est pas le pire. Par contre que je trouve des poils sur la cuvette, ça me dégoûte franchement. Inutile de lui en parler, c’est un acquis pour lui. Il doit éprouver le besoin de marquer son territoire. Faut alors changer les mentalités de force.

 

Je lui ai donc posé un ultimatum.

 

-La prochaine fois que je trouverais des poils sur la cuvette, on enlève tout ce qui se cache sous ton slip. Table rase, net, lisse et ceci de manière permanente.

 

Il aime beaucoup mes grands airs de femme autoritaire. Ca n’a pas d’impacte sur sa libido, mais ça le fait rire de bon cœur.

 

Bien sur je trouve des poils le lendemain. C’est donc parti pour un petit jeu érotique. Je précise bien érotique et non esthétique. L’idée que mon homme soit tout lisse m’excité beaucoup sexuellement.

 

Une petite blouse blanche ne fait pas une esthéticienne, mais j’ai envie que mon homme passe un moment agréable autant que cela soit possible. J’aurais préféré qu’il passe chez une professionnelle, mais il a refusé. Pour les hommes de sa génération, cela ne semble pas évident.

 

Je l’attends donc en blouse blanche très courte, nue en dessous bien évidement. Manière de le faire rêver un peu.

 

L’idée du « désormais ce sera sans tout le temps mon coco » le chagrine un peu. Il tient qu’on fasse quelques photos de souvenir. Avec une belle érection c’est plus joli. Je me charge de la mise en scène.

 

Puis c’est parti. Je sais bien épiler à la cire par expérience personnelle. Avant le définitif je m’en servais. Quand j’avais 20 ans on ne trouvait que très rarement des esthéticiennes qui pratiquaient ce genre d’opération. Alors fallait faire soi-même.

 

J’avais déjà épilé une fois monsieur à la cire, du moins en parti. Il sait ce qu’il l’attend. Je me sers de la cire divine de chez Nair qui sent très bon et qui très facile à manier pour un résultat impeccable.

 

Je commence par ses fesses. Là c’est enfantin et peu douloureux. Je lui talque son popotin bien ferme, objet de ma convoitise depuis notre rencontre. Il y a pas mal de boulot. J’ai prévu plusieurs pots de cire.

Après un petit moment une belle lune glabre s’offre à mes yeux.

J’aime beaucoup quand il se met en position d’autruche dans un contexte coquin. Parfois quand j’étais infernale avec lui, pour me faire pardonner, je deviens très lèche cul. Dans ces moments j’éprouve un plaisir très cérébral.

 

Qu’elle est belle cette rosette sans poils. Il ne s’est pas plaint une seule fois. Je m’occupe un peu de lui avant d’affronter les parties vraiment douloureuses.

Je me souviens de mes premières épilations à la cire, il faut vraiment en vouloir. Ca fait très mal. Heureusement mon masochisme naturel facilitait la tache.

 

Monsieur pour sa part n’est pas maso autant que je sache, mais il est résistant à la douleur.

Pour la première fois de ma vie je découvre mon sadisme envers un homme consciemment.

 

Je procède par petites applications de la cire pour ses testicules. Je ne veux pas que cela devienne une torture non plus. Il trouve les applications sur grande surface trop hard. J’avance très lentement on lui donnant le temps de souffler. Il ne bronche pas trop.

 

C’est en entamant la base de son engin que les choses se gâtent. Il préfère que je retire la cire très lentement, par petits coups.

 

Après plus d’une heure émerge un phallus sans le moindre duvet qui a largement mérité sa pause fellation.

Par isabelle183 - Publié dans : Éloge de l'épilation intégrale
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Jeudi 3 avril 4 03 /04 /Avr 23:15

Il me regarde avec étonnement. Les sangles de cuir doux entre mes mains l’amusent.

 

« Tu te prends pour une dominatrice à présent ? »

 

« Ne dis rien. Laisse toi faire. »

 

Je le déshabille lentement, puis je le fais asseoir dans son fauteuil. »

 

« Ce soir c’est ni-touch à la poupée. Je vais m’occuper de toi. »

 

Je lui attache les mains à l’accoudoir. Ensuite je me consacre à ses jambes en me servant de notre barre  d’écartement. L’idée qu’il se trouve à ma merci m’excite beaucoup.

 

Je lui titille son sexe avec le bout de mon indexe jusqu’à ce que mon grand garçon se présente devant moi en garde à vous. Origine allemande oblige. J’aime soigner les détails. Mis a part ma casquette de cuir et mes escarpins je suis nue. Il aime bien me voir ainsi chapeautée, mes cheveux cachés, mes oreilles et ma nuque offertes à la vue.

 

Sur une douce musique je commence à me déhancher en passent sensuellement une huile brillante sur mon corps. Je prends mon temps pour mes bras et jambes.

 

Pendant que je malaxe mes seins je ne quitte pas mon homme des yeux. Un regard défiant est un bon excitant.

 

« Si tu es sage, tu auras droit tout à l’heure à un petit stimuli avec la matière la plus douce de ce monde, une langoureuse chevauché entre mes lolos. »

 

Quand je commence à m’enduire cette petite fente qui fait tant rêver monsieur, je me laisse aller en toute confiance. J’adore exprimer minutieusement mon ressentie par mes soupir. Mon partenaire doit savoir ce qui se passe en moi. Ca renforce notre complicité et en même temps son érection. Il me veut impudique depuis le début. Ca tombe bien. Je le suis naturellement dans l’intimité et j’ai beaucoup de gratitude envers mon voyeur favori qui ne se lasse jamais de me yeuxiter.

 

Pour annoncer le programme complet le lui tourne le dos donnant une vue imprenable sur la partie qu’on cache les plus.

 

L’huile glisse entre mes fesses bien écartées. Mon petit soleil est notre jardin secret en commun. C’est par la que passe une bonne partie de notre communication non verbale.

 

J’aime quand il me montre de façon impérieuse qui est le maître à la maison. Rien ne me semble plus viril qu’un homme qui me sodomise vigoureusement. Dans ce jeu il n’y a plus de doute sur les rôles. Ma partie, de présenter mes orifices sans le moindre tabou à ses assauts me comble. Je m’y complais souvent dans ma passivité prosternée sur le lit et accessible au désir.

Cependant je ne suis pas toujours passive…

 

Il aime beaucoup quand je me masturbe cette partie de mon anatomie en poussant des petits cris obscènes. Il a horreur des filles sages qui se retiennent pour des raisons indéterminables.

 

Une fois bien lubrifiée je suis prête pour la suite…

 

Je ne suis pas une téteuse. Plutôt un candide chaton qui s’approche hardiment par petits coups langue. J’aime laper ce qui m’intrigue, titiller par des mouvements rotatoires ce que voudrais découvrir, provoquer ce qui se laisse le plus facilement provoquer chez un homme.

 

Ce qui gonfle n’est pas toujours gonflant.

 

Parfois ce gros truc bouge tout seul. Je fais des petits bonds en arrière, fait glisser avidement ma langue autour de mes lèvres puis reviens en bonne féline.

J’ai envie que son érection devienne plaisamment douloureuse comme il dit parfois, qu’il perde sa maîtrise et retenue, qu’il gémisse et me supplie de m’empaler sur lui en faisant attention que ce puits ne déverse pas avant l’heure ce qui est habituellement réservé à minette.

 

Ce jeu me plait beaucoup et pour aujourd’hui j’ai décidé d’accorder une pause à ma chatounette. J’ai envie de me prendre une grosse décharge électrique dans le cul. Ben quoi ? moi aussi je sais être grossière de temps en temps. Parait que ça défoule.

 

Je me délecte de retrouver le goût de mon homme, son odeur. Je savoure ce qui se dresse devant mes yeux. Je pense à mes multiples régimes quand il m’encourage dans mes efforts par un soutien protéique ce qui me touche beaucoup. Et dire que les hommes ne pensent qu’à eux.

 

Je connais bien ses endroits les plus sensibles, la manière qui le stimule le plus. Il pousse des grands soupirs. Son corps est bien tendu, raide comme cette annexe qui me regarde avec sa petite tête si mignone en se demandant ce qui lui arrive.

 

Pour la détendre un peu je l’immerge entre mes seins, la fait glisser de haut en bas et de bas en haut et lui fait profiter de l’huile chaude sur ma peau. Petit chaperon rouge ne craint pas la louve et a l’air d’apprécier. Ca mérite quelques câlins avec les pointes de mes seins.

C’est beaucoup plus petit, mais c’est dur aussi, une communion parfaite.

 

Les petits bisous font de l’effet, le fauve tire à ses sangles, essaye de se libérer, grogne et pour m’impressionner. Il est en sueur, des grosses goûtes coulent le long de son torse. Je bois goulûment cette liqueur salée à petit coup en continuant à malaxer le précieux bien entre mes petits lapins comme il appelle mes seins.

Il bouge encore plus, n’arrive pas se laisser faire sagement. Je vais lui montrer qui dirige les ébats.

 

Je monte sur le fauteuil et lui plaque la grande tête contre le dossier enfouie entre mes fesses, du rugby à ma façon.

 

Ca le calme bien, sa voix devient rauque, étouffée. Son haleine me chatouille le petit orifice qui est à l’honneur ce soir.

 

Je bouge pour une petite spécialité maison : Le nasal-sex. 

 

Cette partie de l’anatomie aussi est propice à la pénétration et le souffle de la bête augmente la sensation. Sa langue explore mes régions vanille.

 

Moi aussi je commence à transpirer. Mon homme doit avoir sacrément chaud entre mes fesses. Je sais qu’il adore le grand bleu, alors à lui de me prouver ses performance en apnée. Sa respiration s’accélère, ça commence à devenir un délicieux supplice pour lui.

 

Je me vois déjà à la une des journaux.

 

Une obsédée du cul étouffe son homme entre ses fesses.

 

Et alors ? Moi aussi je suis étouffée et ceci de partout. Je lui offre ma peau de bébé pour une belle mort. A vrai dire je ne cherche que la petite.

 

L’aire de jeu est glissante à souhait. Il est grand temps de libérer mon captif. On va faire une petite fête rusticale à la rondelle digne des montagnes ariégeoises.

 

Tais toi, minette. C’est pas ton jour aujourd’hui.

Par isabelle183 - Publié dans : Mes récits
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Mardi 1 avril 2 01 /04 /Avr 13:12

En passant du fantasme à la réalité, est-ce que la fessée se domestique et perd par ce fait une bonne partie de ses ressources où elle puise son énergie et sa magie?

 
Je m’explique.
 

Quand je me suis découverte jeune le fantasme de la fessée, il ne s’agissait pas du tout de l’idée d’un petit jeu érotique qui m’émoustillait, mais bel et bien d’une vraie fessée appliquée avec vigueur à mon égard pour me remettre à ma place.

 

L’attrait ne venait pas d’une éventuelle complicité amoureuse, mais du fait qu’une personne ferme et décidée m’imposât cet acte sans trop me demander mon avis. Au tout début de ces rêveries je me contentais de personnages sans visage, anonymes qui correspondaient à des critères bien définis. Puis, vers l’adolescence, j’ai remplacé les anonymes par « un prince charmant » doté d’un double visage. Gentil à souhait dans mes rêves vanille, terriblement autoritaire dans mes « rêveries noires » il me faisait marcher « à la baguette ».

 

Mon consentement était inconscient et se manifestait de la plus belle manière possible, par un consentement du corps bien visible et culminant dans une forte excitation.

 

J’ai mis du temps à concilier les deux aspects controversés de mon homme idéal qui existaient au début l’une indépendante de l’autre.

 

Devenue adulte, je voyais moins le problème de trouver un partenaire pour passer à l’acte, mais de trouver une personne dont le fantasme collait au mien.

 

Un homme macho qui rêve punir sa compagne pour un oui ou un non ne me tente pas du tout.

 

Un homme qui aimerait me punir pour une soupe trop salée ou un achat exagérée, m’inspire plus la pitié qu’autre chose.

 

Par contre un homme qui saurait s’imposer quand il le faut, quand le dialogue devient stérile et ne correspond plus à mon désir de la manière de régler un litige, m’attire fortement.

J’aime beaucoup quand monsieur se montre fort avec moi au bon moment.

 

Il est bien évident que je ne cautionne pas la violence conjugale. J’ai mon caractère et je suis une femme indépendante. Mais j’aime bien dans l’intimité (et UNIQUEMENT dans l’intimité) abdiquer les conventions du politiquement correct.

C’est à ces moments là où je retrouve la nostalgie de la fessée dont je rêvais adolescente…

 

…en intégrant en même temps les avantages d’une femme adulte….

 

Mon fantasme fondamental dont je parlerai sur ce blog est incompatible avec la « fessée aventure ou hygiénique » qui ne saurais m’apporter ce dont que j’ai besoin pour être comblée.

 
Par isabelle183 - Publié dans : Réflexions autour de la fessée
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