Samedi 13 décembre 6 13 /12 /Déc 14:30

               LA BIBLIOTHÈCAIRE LA PLUS SEXY DE France 1

 

  Ce lundi matin, derrière mon bureau, au milieu de mes étagères de livres, marque un tournant essentiel de ma vie. Essentiel dans le sens sartrien, car forte de mes nouvelles expériences qui mêlent contingent et réflexion, la possibilité d’une voie de transformer ma vie selon mes envies et ambitions se dessine devant mes yeux avec une clarté déconcertante. Pendant un instant je me prend pour une déesse dont la le pouvoir de création concerne sa propre vie. Serais-ce mon aventure d’hier qui s’est glissée dans la partie romanesque de mes pensées ?

  Homère qui a décrit le monde divin avec une sensibilité et lucidité rarement égalées, ne s’est pas privé non plus de remarques poignantes sur les êtres humains, comme par exemple : le sot s’instruit à l’épreuve du fait. La réalité nous apprend que la plupart des gens ne retiennent pas la leçon et ne soient en aucun cas capables d’appliquer leurs nouvelles connaissances.

  Ils admirent chez certains les idées bien en place, sans comprendre qu’une idée en soi n’est que le début d’un processus ; sans valeur, si elle ne rencontre pas une structure efficace pour la réaliser.

  Or cette structure n’est pas un cadeau de la nature, mais un mérite personnel qui trahit volonté et travail. Pour savoir ce que l’on désire vraiment, il faut être capable d’abord de l’exprimer, car une approche intuitive à la vie est le plus souvent hasardeuse. Elle n’aboutit que dans des cas exceptionnels qui peuvent se révéler d’une efficacité formidable, je l’admets. Malheureusement, tout le monde n’est pas un génie. Il faut donc s’approcher du problème avec méthode. L’intéressant de cette démarche est sa compréhensibilité pour quiconque se donnant le mal de l’étudier et par conséquence sa reproductibilité. Même un « seigneur d’esprit » comme Descartes, se crée d’abord un bivouac opérationnel avant d’atteindre les sommets de la pensée en saisissant la quintessence de cette dernière. Il met en garde de ce qu’on pourrait appeler les idées propres en niant leur existence, car il y a toujours quelqu’un qui les avait eu avant nous. Il doit savoir de quoi il parle. « Je pense, donc je suis » ressemble étrangement à une phrase qui se trouve chez Saint Augustin, un des pères de l’église : Je me trompe, donc je suis.

  Ma méthode à moi, petite bibliothécaire, c’est la lecture qui m’a apprise, avant tout, d’exprimer ce que je ressens. Comme tout les penseurs amateurs, je suis un fidel serviteur de l’esprit et j’essaye de me rendre les concepts, ou idées selon Platon, intelligibles par des mots. Je suis fascinée par les artistes qui dépassent à mon avis l’intensité de la pure pensée en y ajoutant une dimension charnelle parce qu’ils arrivent à rendre visible et palpable ce qui se cache au fond de l’être humain, les notions abstraites. Il y aura toujours la jouissance dans la sensation et la jouissance dans la réflexion sur la sensation. Cela concerne également les sentiments et les émotions.

  J’adore la philo parce qu’elle me dévoile l’ingéniosité de l’esprit humain et la beauté de sa pensée. Mais je suis avant tout une jeune femme avide d’une vie bien remplie de rebondissements où l’ennuie soit remplacé par une permanente évolution. Je ne désire pas me perdre dans mes pensées pour une satisfaction intellectuelle, j’aimerais me servir d’elles pour réaliser mes ambitions selon mes critères. Je voudrais que l’art d’improviser sa vie devienne le mien pour accéder ainsi à une vraie liberté.

  J’ai trouvé à ce propos matière de réflexion chez Merleau-Ponti : être libre dans le monde ne consiste pas à nous confiner dans nos pensées, toujours libres, même chez l’esclave. La liberté n’est liberté qu’incorporée au monde, en situation.

  La liberté de l’esprit n’exclue donc pas la docilité dans le comportement réel.

  Le plus grand obstacle à la réalisation de soi est la soumission au sens commun, à la dictature de la majorité silencieuse. C’est elle qui dépouille l’être de son individualité et qui crée les stéréotypes qui rendent les gens prévisibles.

 

  Jusqu’à ma rencontre avec Chloé, je me suis servie de mes pensées comme rempart de mon individualisme pour ne pas me confondre avec la masse. Initiative louable, mais trompeuse où le vrai m’a échappée. 

  En fréquentant Chloé j’ai beaucoup progressé. En observant mon amie, je me suis rendue compte qu’elle séduit avant tout par la beauté de ses mouvements ; si fluides, si élégants, si harmonieux. Ceci est la surface. En grattant un peu et en analysant sa façon d’être, j’arrive enfin à voir plus loin que le bout de mon nez et de ne me plus borner sur une apparente futilité de cette femme. En fait ce qui m’émerveille en elle, et je ne suis de loin pas la seule qui succombe à ce charme, c’est la fluidité avec laquelle Chloé glisse sur cette structure que l’on nomme le temps de notre vie. Cette fluidité se caractérise par un perpétuel mouvement qu’elle crée selon ses envies pour enrichir son existence à tout instant d’une apesanteur volontaire, pour régner sur le présent et le futur ; ou, pour parler avec Erasme de Rotterdam : Seul la folie peut freiner la fuite de la jeunesse et faire fuir la vieillesse inopportune.

  Secrètement j’ai toujours rêvé d’une destinée comme celle de Chloé. J’ai fait l’erreur, par jalousie mal placée, de considérer ce genre de danseuses ultra habiles qui se produisent sur la scène qui constitue ce monde, comme des parasites avertis.

  Mais pour être honnête qu’elle jeune fille n’a pas rêvé de mener une vie à grand train une fois adulte.

  C’est ça le contrecoups de l’ambition. Je n’aspire pas à une existence exemplaire, digne d’une sainte ; moi aussi je veux ma part du gâteau et le plus vite possible. Enfin j’ai appris de ne plus me mentir, de m’accepter avec mes envies de grandeur, ce redoutable aspect de moi, si longtemps opprimé avec ardeur par peur d’échouer ; dénié, en me transformant en pure intellectuelle, se contentant avec des nourritures spirituelles.

  Je vais encore citer Erasme et son « Eloge de la folie » : la nature a implanté une perversion dans les cerveaux humains tant soit peu intelligents : ils ne sont pas contents d’eux-mêmes et ils admirent les autres.

  Sans me vanter je pense de disposer d’une certaine intelligence pour dépasser le stade d’admirer les autres. Mais est-ce bien l’intelligence qui fait la différence ou me manquait-t-il, jusqu’à maintenant, plutôt une confiance illimitée en moi ?

  Comment font les hommes pour s’approprier ce monde ? Sont-ils fair-play pour arriver à leurs fins ? Certainement pas ! Ils se livrent des batailles sans merci pour le pouvoir, dépourvu de compassion et de pitié. Ne font-ils pas de guères pour écraser leurs adversaires ? Hésitent-ils de recourir à la ruse ? Ils s’en vantent même et sont vantés sur des millénaires (voir Ulysse) pour un exploit qui parait si prodigieux et enviable aux yeux des autres.

  Il semble donc légitime que chacun se serve de ses armes de son choix. Mais le darwinisme social concerne aussi les femmes dès qu’elles n’acceptent plus de se faire entretenir par les hommes.

  Parfois les chers mâles me paraissent comme un syndicat de gangsters avec un code d’honneur (leur législation) et une échelle de valeur (leur morale).

  Pour bien dominer, il faut aimer le pouvoir. Tout le monde n’arrive pas à être fort en permanence. Certains se sentent écrasés par ce système. Ils s’éclipsent pour devenir des parias de la société. D’autres, comme Fred, mon beau dieu de stade se trouvent des compromis. Se soumettre par jeu, comme soupape contre un stress permanent. Le week-end ils font la récrée des grands garçons devant leur maîtresse qui les gronde et puni pour leurs abus de la semaine. Ils se détournent de leur occupation favorite, intervenir sur le monde, pour endosser un rôle d’objet pour plaire aux femmes. J’avoue que c’est troublant pour une femme de constater cette apparente contradiction : un corps vigoureux et beaucoup plus fort que le mien se soumet à mon esprit pour une servitude volontaire. Mais ce genre de relation ne se base pas sur la compétition réelle. C’est un jeu de société pour se procurer des frissons et sensations pour se rassurer qu’on soit vivant.

  Dans cet univers de corps et de désirs une bonne culture et instruction ne sont pas exigées. Il suffit d’une allure autoritaire.

  Je ne veux pas faire ici le procès de Fred. Il était adorable avec moi et j’extrapole sa vie sociale sans trop la connaître. Néanmoins à trente ans il se trouve à la tête d’une des plus importantes et influentes agences publicitaires du sud-ouest.

  Il est particulièrement habile et loin d’être un con. Il sait ce qu’il veut et sait aussi comment y parvenir. Cela mérité attention. Il me parait intéressant à mes projets et fait partie de mon nouveau carnet d’adresse.

  Notre mise en scène m’a énormément plue. Pas dans le sens que j’ai eu un homme à mes ordres qui a dû payer la note pour les autres. Je ne suis pas aussi primaire.

  Avec lui j’ai compris le détail le plus important de ma psychologie personnelle qui avait échappé pendant toute ma vie à ma vigilance : Je ne cherche pas un pouvoir relatif sur autres, je vise un pouvoir ma sur la vie. 

 

suite

 

Par isabelle183 - Publié dans : La fille aux cheveux noirs - Communauté : Ecritures Sensuelles
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